Ils ont été effacés, mettons-les en lumière

Stéphanie

Infirmière anesthésiste (Paris)

« Le travail en réa a été très dur, mais ce que j’ai le plus mal vécu, c’est la façon dont l’hôpital nous a gérés. »

Stéphanie vit seule avec 1 enfant. Elle a 25 ans d’activité, actuellement infirmière anesthésiste à l’hôpital européen Georges Pompidou. Elle est en arrêt maladie, mais malgré tout suspendue depuis le 13 septembre, sans salaire.

J’ai vécu la première vague de plein fouet en réa avec les covids. J’ai fait le boulot, je n’ai pas fait d’erreur, j’ai fait du mieux que j’ai pu, j’ai eu peur d’en mourir et j’ai été choquée de la façon dont nous avons été gérés en post-crise. Depuis un an et demi ça a été très dur à vivre. On n’est que des matricules. Aujourd’hui on vous utilise là, demain on vous envoie ailleurs, que vous ayez vécu la guerre ou passé une journée normale.

On en a bavé sur tous les plans, on a eu peur pour nos vies, pour nos patients, qu’on a essayé de soutenir. Et du jour au lendemain on nous a bafoués, écrasés. On ne nous a pas payé nos heures. J’étais en temps partiel, on m’a fait travailler à temps plein sans signature, sans rien, mais on ne m’a payé qu’à 80 %. Mes heures supplémentaires n’ont pas été payées au taux covid, ça a été immonde. On est en train de détruire l’hôpital, on écrase tout le monde.

J’ai beaucoup déprimé pendant des mois, je ne voyais plus d’avenir. Aujourd’hui je ne veux plus travailler à l’hôpital, je ne veux plus de ce métier que j’ai aimé, dans lequel je me suis donnée à fond, dans lequel on nous écrase.

Je vais passer à une reconversion.

Je refuse l’injection parce que pour moi le bénéfice/risque penche en faveur de la non-vaccination. Je ne veux pas non plus qu’on injecte ma fille. J’ai été pendant 2 mois avec des gens qui avaient des charges virales extrêmement importantes, je suis passée au travers. Le vaccin n’est pas là pour prendre soin de nous. Ça fait un an et demi qu’on vit dans une violence extrême, c’est inadmissible, on maltraite les gens, on maltraite le peuple.