Ils ont été effacés, mettons-les en lumière

Rachid

Aide médico-psychologique (Yvelines)

« On a montré un dévouement total à la Nation et 18 mois après, on est des parias. Et ça, c’est très dur à vivre. »

Rachid a 45 ans, et il est aide médico-psychologique en hôpital public depuis 20 ans. Il a reçu une première dose.

On ne savait rien du virus. La seule chose qu’on connaissait c’était les images de BFM venant de Chine et d’Italie avec des morts partout et nous, on nous a dit : « Allez-y ! » Et bien… La chair de poule dans le vestiaire quand vous mettiez votre blouse… Mais on y est quand même allés. On a montré un dévouement total à la Nation et 18 mois après, on est des parias.. Et ça c’est très dur à vivre, au-delà de la suspension de salaire et tout ça.

J’ai reçu ce mois-ci ma médaille de 20 ans de bons et loyaux services. Qui a tenu le pays il y a 18 mois dans les besoins les plus primaires, soigner, manger, livrer, tenir les rayons ? Ce sont les petits salaires. Et ceux qui nous font des remarques aujourd’hui, ils étaient en télétravail ou au chômage partiel devant Netflix. Ceux qui ont fait marcher le pays, les salaires de 1 000 à 1 500 €, on les a complètement oubliés et ça, c’est révoltant.

Voyez, on a fait une manifestation aujourd’hui, on est passés devant des terrasses dans une indifférence totale et ça, ça tord les boyaux. La population n’est plus au balcon pour nous applaudir, ou tout simplement nous soutenir. Heureusement les Gilets Jaunes sont avec nous, parce qu’aujourd’hui on se sent seul. L’éveil des consciences est difficile, mais on espère que ça va avancer.

Les soignants sont une armée de gens qui se donnent totalement. D’ailleurs si l’hôpital tient debout depuis une décennie, c’est grâce au dévouement de son personnel. Les gens l’ont peut-être découvert il y a 18 mois face à un virus que l’on ne connaissait pas, mais en temps normal le milieu hospitalier travaille à flux tendu. Quoiqu’il arrive, il va y avoir un impact. Si on suspend 15 000 personnes plus tous ceux qui sont en arrêt maladie, les services ne peuvent plus tourner correctement. Donc les gens qui sont aux terrasses et qui sont en bonne santé, si demain ils doivent amener Mémé, ou s’ils ont un accident, ou quoi que ce soit, là ils vont s’en apercevoir. La réalité va leur sauter aux yeux, ça va être foudroyant, mais ce sera peut-être trop tard. C’est maintenant que les gens devraient s’éveiller et sortir avec nous.

Mais pourquoi je leur en voudrais ? Ils ont travaillé sur la psychologie des gens. Ils ont été enfermés pendant 18 mois. On leur dit que pour aller prendre un café en terrasse, à l’air libre, il faut un pass sanitaire ! Les gens sont prêts à faire ça ! Ces mêmes personnes, vous leur auriez dit 18 mois en arrière qu’il faut un pass pour aller boire un café auraient dit : « Mais t’es fou ! »

Une phrase que Macron a prononcée dans son discours du 16 mars 2020 et que je n’oublierai pas… Il a dit : « Le monde d’après, lorsque nous aurons gagné, ne sera plus comme le monde d’avant. » Qu’est-ce qu’il en est aujourd’hui ? On a supprimé 5 700 lits depuis la première vague, on suspend des gens qui ont montré un dévouement total, etc., etc. Mais les gens ont oublié…

NOUS NON… MOI NON… Et il y en a plein qui n’ont pas oublié.

Et sur la loi du travail : pareil. On suspend des gens qui n’ont pas fait de faute grave, on suspend des collègues qui ont donné tout ce qu’ils pouvaient il y a 18 mois. Aujourd’hui aucune reconnaissance, et pour nous c’est extrêmement violent.

Je refuse de me faire injecter d’autres doses. Ce n’est pas par idéologie, mais on a balayé tous les fondements de la médecine, le consentement libre et éclairé, le secret médical. Je me suis fait injecter une première dose de vaccin par contrainte, j’avais peur et je suis passé de la peur à la colère. J’ai une telle colère en moi. J’ai essayé pendant des semaines et des semaines de pouvoir échanger avec notre ministre de la Santé et il a refusé de nous recevoir. C’est d’une violence, vous ne pouvez pas vous imaginer. C’est la première fois que je découvre en moi une telle colère, pour m’être fait vacciner contre mon gré avec quelque chose qui me fait peur.

Je suis très fatigué. C’est épuisant pour un citoyen honnête de ne pas dormir, d’avoir peur d’un vaccin, de ne pas savoir ce qu’on va faire sans salaire, je ne le souhaite à personne. Quand on te considère comme un pestiféré et qu’on suspend ton salaire alors que tu n’as rien fait de grave, c’est horrible en fait.