Ils ont été effacés, mettons-les en lumière

Natacha

Intervenante socio-éducative (Calvados)

« Ils ne peuvent pas m’imposer un vaccin en phase expérimentale ! »

Natacha a 43 ans, elle est mère célibataire d’une fille qui aura bientôt 19 ans, étudiante à l’université. Elle travaille dans un institut médico-social pour des jeunes âgés de 12 à 20 ans, atteints d’une déficience intellectuelle, ou de troubles du comportement. Elle est suspendue depuis le 15 septembre 2021.

Je travaille pour une association qui a pour mission la sauvegarde de l’enfant et de l’adulte. Il y a un pôle santé avec des EHPADs et des instituts médicaux-sociaux, et d’autres pôles pour la protection de l’enfance ou l’insertion et la prévention des risques. L’obligation vaccinale ne concerne que le pôle santé, car notre principal financeur est l’ARS.

Avant ça j’étais banquière, chargée de relations clients, mais je ne me retrouvais plus dans mon travail et en 2015 j’ai négocié une rupture conventionnelle. J’avais fait un peu d’animation, notamment de l’animation de rue pendant mes études, du coup j’ai postulé à un poste d’encadrant, pour veiller sur les jeunes la nuit. Je pensais qu’il fallait un minimum de qualification pour pouvoir travailler comme éducateur, mais l’institut manquait de personnel m’a d’abord recrutée pour faire des remplacements et en 2016 j’ai été embauchée.

J’ai toujours eu la fibre sociale. Après, la vie a fait que je me suis destinée dans un premier temps aux métiers du commerce. Ma maman était veuve avec deux enfants à charge, ce n’était pas facile financièrement. Si j’avais fait des études sociales j’aurais dû partir dans une autre région, et comme ici on la chance d’avoir des universités, des IUT, c’était plus simple de choisir cette voie.

Je suis éducatrice, mais sans le diplôme. Je fais le même métier que mes collègues, mais sans la qualification je n’ai pas le même salaire. Je devais donc passer une VAE (Validation de l’expérience professionnelle) pour pouvoir prétendre à un salaire d’éducateur. Mon contrat de travail a été suspendu le 15 septembre, ce qui mettait aussi fin à ma VAE. Si je voulais continuer je devais la financer.

Le social, ce sont des beaux métiers, mais les moyens alloués sont de plus en plus dérisoires et il y a de plus en plus de besoins. On aime ce qu’on fait, mais on sent bien que plus ça va et plus ça sera compliqué de continuer à proposer une offre de qualité, d’autant plus que dans le médico-social on est sur la nomenclature de l’hôpital public, avec la tarification à l’acte. Tout ça se fait au détriment de la prise en charge des jeunes. Or ce sont des jeunes qui sont déscolarisés pour diverses raisons. Ils ont été dans des classes spécialisées, CLIS ou ULIS, mais pour eux ça devient de plus en plus compliqué. Du coup l’éducation nationale n’arrive pas à faire face et il y a des listes d’attente interminables pour entrer dans les instituts médico-sociaux. Certains jeunes peuvent attendre 2 ou 3 ans pour que la prise en charge soit effective. En attendant ils ne sont nulle part, ils se retrouvent à la maison, ce qui crée des difficultés pour les familles aussi.

Les prises en charge où le jeune venait toute la semaine, du matin au soir, ce qui pouvait remplacer l’école d’une certaine façon, aujourd’hui ce sont des matinées. Par exemple s’il a besoin de la psychologue, on lui donne un créneau pour faire un peu de psycho-motricité, puis il va aller faire un petit peu d’atelier cuisine, et c’est tout. Donc, ça va l’occuper peut-être 6 heures dans la semaine, et le reste du temps il n’est pas pris en charge par l’établissement.

Lors de la première vague on n’a pas accueilli les jeunes sur site, mais on n’était pas fermé, on a continué la prise en charge en télétravail dans un premier temps. Ça a été un petit peu de la débrouillardise, dans la mesure ou l’employeur ne pouvait pas fournir un ordinateur et un téléphone à chacun, donc on a fait avec nos moyens. Dans un premier temps on appelait les jeunes, on communiquait aussi entre collègues pour voir ce qu’on pouvait leur apporter, comment les accompagner pendant cette période un peu particulière. Ça a duré 15 jours et très vite on a commencé à faire de l’individuel, surtout pour les jeunes qui ont des troubles du comportement et de la conduite. On allait les chercher à domicile quand on sentait que c’était difficile dans les familles et que ça n’allait pas tenir, et on les ramenait ensuite au sein du foyer. Très vite aussi on a réouvert une structure d’accueil pour les situations les plus compliquées. Ce sont des jeunes qui sont chez nous au titre du handicap, mais qui sont aussi placés dans des familles d’accueil dans le cadre de la protection de l’enfance. Les familles étaient un peu inquiètes, il y avait des situations très explosives parfois et on les a vite repris et accueillis sur site.

En temps ordinaire on fonctionne avec une structure d’hébergement pour une partie des jeunes, qui viennent même de la région parisienne, parce que là-bas il n’y a pas assez de place. Sur chaque unité pavillonnaire il y a quatre éducateurs, une maîtresse de maison, une femme d’entretien, auxquels il se greffe une psychologue et un médecin psychiatre, au sein de l’établissement.

Du coup, en mai on a réouvert une structure d’hébergement, mais il y avait des familles pour qui la question du Covid était un peu plus sensible et certains jeunes ne venaient pas la semaine complète.

Ce qui était le plus compliqué à gérer c’était les tests. En plus, dans un premier temps c’était le naso-pharyngé, puis le directeur de l’établissement a réussi à négocier pour qu’on les fasse en salivaire, mais on est rentré dans un délire à tester toutes les semaines ! Toutes les semaines, il y avait l’obligation ! Et le port du masque en permanence c’était ingérable. Pour les jeunes c’était juste impossible qu’ils le gardent du lever au coucher. On leur demandait constamment de mettre le masque, de se passer du gel, de se laver les mains, ça a été une période très compliquée. C’était long, très très long, et la direction était très regardante sur toutes ces règles, c’était insupportable pour tout le monde.

Sur la première période, ce n’est pas que j’ai eu peur, je pouvais prendre les transports en commun par exemple, mais je me demandais ce que ça pouvait être, parce que quand même, on avait des images de Chine montrant des gens en train de se convulser au sol. On devait aller travailler et on n’avait pas de masque, on n’avait rien du tout, même pas de gel hydroalcoolique, il ne faut pas l’oublier. Certains de mes collègues étaient très paniqués, pour eux et parfois plus pour leurs proches en fait, mais il y avait aussi d’autres collègues qui s’en fichaient, enfin qui n’étaient pas dans la psychose. La direction au contraire était dans la psychose, avec des discours inquiétants : « On ne retrouvera jamais le monde d’avant, ce ne sera jamais plus pareil… » et il y avait le contexte tout autour, les médias… J’en ai eu très vite marre.

Pour les jeunes ça a pu créer des climats très anxiogènes, très très anxiogènes, avec la peur de la mort qui revenait vraiment à outrance, surtout chez ceux avec des déficiences, qui ont déjà quelques petits soucis psy, ou qui sont un peu dépressifs. Et encore aujourd’hui, pour certains, cette période est très présente, ils sont toujours dans ce contexte.

Pourtant, il y avait un décalage énorme entre ce qu’on pouvait nous dire et ce que je voyais autour de moi. Il faut quand même se rappeler ce qu’on entendait de l’Italie, plein de morts, etc., mais moi, je ne connaissais personne qui était malade, et même au niveau de l’établissement il n’y a pas eu de cluster. On continuait à travailler, on a des jeunes qui font des va-et vient dans des foyers de protection de l’enfance, d’autres qui fuguent, des jeunes qui pouvaient enlever le masque ou ne pas le mettre, et de toutes façons les adolescents sont très tactiles entre eux, ils se chamaillent et il n’est rien arrivé. Personne n’était malade en fait, il n’y a pas eu de Covid, on est passé à travers. Moi je l’ai attrapé, mais ne le savais pas, je suis même allée travailler et le seul symptôme que j’avais c’était de parler du nez. Le samedi matin, en prenant mon café je me rends compte que je n’ai pas de goût ni d’odorat. J’ai su que c’était le Covid, mais je n’ai pas été malade. Et dans mon entourage, honnêtement, je crois que s’il y a une quinzaine de personnes qui ont attrapé le Covid pendant la première vague, c’est un grand maximum !

Pendant une période j’étais sur deux équipes et ce n’était pas du tout les mêmes comportements. Dans l’une on faisait ce qu’on nous demandait de faire, dans la désinfection, les précautions, mais ce n’était pas non plus une obsession. On restait proche, on prenait les pauses ensemble, au contraire on était un peu agacé de tout ce qu’on nous demandait, les masques, etc. Dans l’autre j’avais deux collègues qui avaient particulièrement peur, clairement, qui passaient leur temps à tout désinfecter avec des lingettes, qui allaient se laver les mains régulièrement, qui portaient le masque tout le temps, qui mangeaient à part… Mais là où j’ai été vite en décalage avec mes collègues, c’est au moment du vaccin.

Ce n’était pas encore obligatoire, mais on pouvait se faire vacciner à partir de mars 2021. On recevait des mails pour nous dire qu’on était prioritaire et où on pouvait se faire vacciner. Et là, une grosse partie de mes collègues y est allée. J’en parlais avec eux et pour certains, surtout les plus jeunes, ce n’était pas du tout par peur du Covid, ni pour la protection, c’était clairement parce que toutes les restrictions leur pesaient, ils se disaient « au moins avec le vaccin on pourra reprendre la vie d’avant ». D’autres ne voulaient pas mais elles l’ont fait à contrecœur, parce que financièrement elles ne pouvaient pas faire autrement. Ce n’est pas facile de faire le saut dans l’inconnu, avec les gens autour qui vous font peur : « Il n’y a pas de travail, tu ne peux pas faire ça. Qu’est-ce que tu vas devenir ? ». Elles se sont fait violence pour aller se faire injecter quelque chose qu’elles n’avaient pas envie de se faire injecter, et elles le vivent très mal, encore aujourd’hui. D’autant que les doses s’enchaînent…

Les mois passaient et on parlait de plus en plus de l’obligation, donc je me doutais que ça allait arriver. J’ai travaillé jusqu’à fin juillet et avant de partir en vacances j’ai clairement dit que moi, en tout cas, je ne le ferai pas, je ne serai pas vaccinée à la rentrée. On a repris fin août et je suis revenue non vaccinée. On était dans la période des QR codes, il fallait montrer soit son statut vaccinal, soit un test négatif. Donc j’ai été obligée de me faire dépister tous les 3 jours jusqu’au 14 septembre.

La 1ère journée, c’est la rentrée pour les salariés. En arrivant en réunion, ma chef de service valide nos QR codes et me dit « Et toi, du coup, Natacha, deux doses là ? » Je lui dis « Ben non, zéro ». Sur le coup elle ne prête pas attention, elle pense que je plaisante, mais pendant la réunion elle me demande de prévoir une date en début d’année pour qu’on puisse travailler avec un jeune. Ma tête a changé et elle me dit « T’as pas envie ? » Je lui dis « Non, ce n’est pas ça, mais je ne serai pas là pour l’animer ». Elle ne comprend pas et je lui répète que je ne suis pas vaccinée.

Suite à ça j’ai été reçue très rapidement par mon directeur d’établissement, qui m’a fait un petit historique de la vaccination, et qui m’a ensuite annoncé les conséquences de ma décision si je n’étais pas vaccinée. Il m’a proposé un rendez-vous avec la médecine du travail, qui m’a reçue et là le docteur m’a aussi parlé du vaccin et essayé de me convaincre en m’affirmant qu’il n’y avait aucun risque avec les vaccins ARN. Je ne sais pas comment ils le savent !

Mais mon choix était déjà fait depuis très longtemps. Le 14 septembre, à ma prise de service, ma chef de service m’a amenée revoir le directeur, qui m’a dit que du coup, comme je n’avais pas commencé mon schéma vaccinal, il fallait que j’aille faire ma 1ère dose et la deuxième avant le 15 octobre. Je suis allée travailler, mais je n’avais pas le droit de dire aux jeunes que je ne serai plus là le lendemain, parce qu’il ne fallait pas faire du prosélytisme contre le vaccin. Sauf que, dans le sens inverse quand même, toute l’année on a dû dire aux jeunes que c’était bien, qu’il fallait se vacciner. On devait appeler les familles pour leur dire que c’était important pour leurs enfants.

C’était donc la dernière journée que je passais avec les jeunes dont j’avais la charge et je n’ai pas eu le droit de leur annoncer qu’ils ne me reverraient plus. J’aurais préféré leur dire, même si j’avais dû donner une autre raison que la vaccination, j’aurais pu très bien dire autre chose, mais on me l’a interdit, on m’a même clairement laissé entendre que ça pouvait être une faute grave. Je ne sais pas pourquoi ils n’ont pas assumé leur sanction jusqu’au bout, ils m’ont même dit que j’étais un peu « la méchante », que c’était des jeunes déjà très amochés, avec des parcours de vie très compliqués pour certains, qui avaient pu nouer une relation avec moi et que ça allait remettre en cause leur équilibre.

Voilà, je suis partie du jour au lendemain, comme ça. J’ai fait ma dernière soirée avec mes jeunes, enfin avec les jeunes du pavillon, et le lendemain je ne reprenais pas mon service.

On était 17 je crois, initialement, à être suspendus. Il y en a qui ont cédé au bout d’un moment parce que financièrement c’était compliqué, ils n’y arrivaient plus. D’autres ont continué comme moi. Les syndicats n’ont pas bougé. Ils ont juste conclu un semblant d’accord pour mobilité temporaire sur un autre service de l’employeur, hors secteur médico-social.

J’ai reçu un courrier d’information sur cette mobilité. C’est un échange avec un collègue d’un autre service, qui n’est pas soumis à l’obligation vaccinale. Ça pouvait être de 3 mois à 6 mois, grand maximum, ce qui nous permettait, selon eux, d’avoir un délai suffisant pour aller se vacciner. L’idée c’était, par exemple, d’aller travailler 3 mois sur le service prévention urbaine et le collègue de là-bas viendrait travailler sur mon poste. Mais en fait il n’y a eu aucun échange, personne n’a voulu le faire. Il n’y a aucune utilité d’aller travailler sur un autre service en sachant que c’est temporaire. Et c’était simplement pour nous donner le temps de se vacciner, donc pour moi ça ne changeait pas le problème.

J’ai reçu un autre courrier en janvier pour m’annoncer le nouveau schéma vaccinal avec la 3ème dose, qui précisait que si j’avais eu le Covid je pouvais revenir travailler 4 mois avec un certificat de rétablissement. Mais je n’arrive pas à attraper le Covid. J’ai des amis qui l’ont eu, je ne le savais pas, j’étais chez eux, mais rien ! Ma fille l’a attrapé, on vit ensemble, rien ! Ensuite ma petite nièce, ma belle-sœur, mon frère, tous l’ont eu, je les ai vus, j’étais en contact, toujours rien !

En fait je suis très rarement malade, et si ça arrive je me soigne. Un petit rhume, une petite angine, ça peut arriver par ci par là, mais côté santé ça va. J’ai eu le Covid au début, je n’ai pas eu de mauvaises réactions, je ne vois pas le bénéfice que je peux tirer du vaccin, bien au contraire en fait. Dans ma famille il y a des antécédents au niveau du cœur. Mon père est décédé d’un arrêt cardiaque à 33 ans. Mon frère a eu une alerte à 32 ans, il est suivi aujourd’hui pour le cœur. Moi, pour le moment ça va, mais je ne vais pas prendre un risque pour une maladie que je n’arrive pas à attraper, je ne vois pas le bienfait de la chose.

Et puis il y a des traitements. On a bien vu en Afrique, il n’y a pas de mort chez eux. Je veux bien qu’on me dise « Non, ça ne fonctionne pas, Raoult c’est un charlatan », mais honnêtement, comment on explique ces différences ? Il n’y a que dans nos pays où ça ne va pas, c’est l’Europe, c’est les États-Unis… Comment on peut m’expliquer en fait qu’en Afrique il n’y a pas de taux de Covid comme ça ? Le père de ma fille est d’origine algérienne, là-bas il n’y a rien et il n’y a même pas 10 % des gens qui sont vaccinés ! Soit il y a un gros souci avec le vaccin, soit il y a d’autres traitements qui fonctionnent, mais qui ne rapportent pas assez d’argent à l’industrie pharmaceutique.

Je n’ai aucune confiance dans l’industrie pharmaceutique depuis bien longtemps, et aujourd’hui je n’ai plus confiance dans la santé, quoi qu’il arrive maintenant. Je n’ai aucune confiance dans ce vaccin parce qu’il n’y aucun recul, c’est expérimental et on ne sait même pas ce qu’il y a dedans. Il y a quand même des scientifiques de haut niveau, qui savent de quoi ils parlent et qui disent qu’il y a des effets secondaires. Moi, je connais plein de gens en récidive de cancer, je connais plein de gens qui ont des problèmes au niveau du pancréas, juste après la vaccination ! Enfin, comment ? Du jour au lendemain ! Des gens très bien depuis des années et comme ça, brusquement, le cancer revient. Ou même des gens qui étaient en bonne santé, ou des jeunes demoiselles et des femmes qui n’ont plus leurs règles, ou des femmes ménopausées… On ne peut pas dire que non, que ça ne vient pas de là. On met tout sur le stress… Non, il y a juste à voir ce qu’il se passe. Il y a aussi beaucoup de personnes qui développent des maladies génétiques… A un moment il faut se poser des questions… Moi, je ne servirai pas de cobaye à leur expérience.

Il y a quand même des gens qui commencent à s’interroger sur les effets secondaires des vaccins, mais tant que ça ne les touche pas personnellement… Les gens ne savent même pas qu’on est encore suspendu ! Ils sont surpris parce que pour eux, depuis qu’il n’y a plus de pass sanitaire, dans leur tête on est réintégré. Mais aussi tout le monde s’en fout un peu. Déjà qu’on ne parle pas de nous, quand on le fait c’est toujours péjoratif et on minimise beaucoup le nombre de suspendus. Sur les réseaux sociaux c’est clairement « Ils n’avaient qu’à le faire, les 3/4 l’ont fait, ceux qui ne l’ont pas fait c’est des complotistes ». Mais je pense que c’est à l’image de la société d’aujourd’hui. C’est l’individualisme, on s’en fiche un peu des autres. On est tout le temps dans du clivage, c’est comme ça depuis des années, sur tous les sujets. J’espère que ça changera un jour, il faut qu’on retrouve des principes moraux, parce que ce n’est pas ça la base de l’humanité. Heureusement, Il y a quand même des gens que ça touche, qui trouvent ça injuste.

Aujourd’hui je suis sûre d’être dans mon droit. Je suis peut-être un peu utopiste, mais je me dis qu’à un moment ou un autre on aura raison. Je garde le moral et comme j’ai souvent eu des hauts et des bas, que je n’ai pas eu une vie toute lisse, je me dis que ce n’est rien, que c’est juste une mauvaise période à passer. Je suis croyante aussi et ça m’aide beaucoup. Mais les journées sont longues des fois, et avec une fille à charge ce n’est pas facile financièrement, mais moralement ça va, parce que je suis convaincue de ma décision.

Le souci aujourd’hui c’est de savoir ce que j’ai envie de faire. Je sais que demain je peux retourner dans une banque, ou chez un assureur, il n’y a pas de problème, mais j’ai envie de trouver un travail où je suis bien. Le commerce, je n’ai pas envie, tout ce qui est dans ce système en fait. Donc, je profite un peu de cette période pour essayer de savoir où je dois aller. Des fois on a des phases comme ça, c’est aussi pour nous permettre de mettre les choses au clair.

Personnellement, je n’aurais pas de difficultés à revenir à l’institut, c’est plutôt eux qui seraient embêtés. J’ai toujours gardé des contacts avec certains collègues, mais pour la direction ça ne serait pas facile de me réintégrer, les profils déterminés on n’aime pas trop, et pour certains chefs ce serait dur à avaler, pour eux-mêmes, pour leur égo. Et pour certains collègues qui ont fait trois doses sous la contrainte, le fait que j’ai tenu comme ça jusqu’à maintenant et que je revienne… Ils ne m’en voudraient pas à moi, mais ça ne serait pas simple, même si je l’ai payé en restant 9 mois sans salaire ! Et puis me mettre où ? Parce que si on me met dans un autre service, il faudra justifier pourquoi on ne me l’a pas proposé dès le début.

Au départ on avait parlé de 2 mois de suspension. On est bientôt fin juin, ça fait 9 mois et rien n’a changé ! J’ai perçu le RSA alors que je ne l’avais pas demandé, puis j’ai été convoquée et on m’a informée que le conseil régional n’était pas d’accord pour payer le RSA aux personnes suspendues, parce que ça tape dans leur enveloppe. Pour continuer de recevoir le RSA on me demande de régulariser la situation avec mon employeur, c’est-à-dire soit me faire vacciner, soit démissionner en fait.

Il est hors de question que je démissionne, ils ne peuvent pas m’imposer un vaccin en phase expérimentale ! Une expérimentation qui avait commencé avec 2 doses, on en est bientôt à 3 ou 4… Tout ça n’a pas de sens.

Témoignage recueilli en juin 2022

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LA REINTEGRATION ?

Durant ma suspension, j’ai été contrainte de reprendre une activité professionnelle en auto-entrepreneur, pour des raisons purement financières.

En avril 2023 de plus en plus d’informations allaient dans le sens d’une SUSPENSION de l’obligation vaccinale et j’anticipais un éventuel retour à mon poste. J’insiste sur la notion de SUSPENSION de l’obligation vaccinale, cette précision est primordiale car la loi du 5 août 2021 n’est toujours pas abrogée ! Ayant un projet de création d’entreprise, j’avais fait une demande de mi-temps à mon employeur. Bien entendu la réponse fut négative.

Comme tout le monde j’ai appris la réintégration du personnel soignant fin avril, de manière informelle, et de façon officielle le 4 mai 2023 (circulaire du 2 mai 2023 portant SUSPENSION de l’obligation vaccinale).

J’envisageais une démission pour créer une entreprise, ce qui m’aurait permis de toucher des indemnités chômage et j’ai contacté divers organismes. Malheureusement, il faut justifier d’une activité pleine sur les 5 dernières années et ayant été suspendue 20 mois je ne pouvais pas bénéficier de ce dispositif.

J’ai été reçue par mon directeur le 12 mai 2023 pour une réintégration au 15 mai. On m’a alors proposé la réintégration, ou un congé sans solde, ou une démission. Déjà fortement impactée financièrement par la suspension, et étant seule avec ma fille étudiante à charge, j’ai repris mon travail le 15 mai 2023.

J’ai été affectée sur une autre équipe, hors site, dans un autre établissement de l’institut médico-social, alors que mon poste était toujours vacant malgré les 20 mois passés. Mon retour s’est fait comme ça, du jour au lendemain, sans accompagnement ni appui. En 20 mois il y a pourtant eu du changement dans les manières de fonctionner, le projet d’établissement et une évaluation interne étaient déjà en cours avant ma suspension. J’ai heureusement pu compter sur la bienveillance d’une partie de mes collègues et de certains chefs de services, ce qui n’a pas été le cas avec le directeur et la directrice adjointe.

J’ai tenu 4 mois et j’ai fini par poser ma démission. Le climat était austère en raison de plusieurs facteurs, notamment le décès successif, en l’espace de 3 semaines, de 2 collègues d’une quarantaine d’années, tous les deux suite à un arrêt cardiaque sur le lieu du travail, ce qui en a interrogé beaucoup d’autres. N’étant pas vaccinée, plusieurs de mes collègues venaient me faire part de problèmes de santé survenus depuis leur vaccination. Je les ai trouvés psychiquement fatigués, beaucoup d’entre eux avaient envie de changer de voie professionnelle… J’ai alors choisi de partir.

Et comme évoqué plus haut, la loi du 5 août 2021 n’étant pas abrogée, rien ne me garantit de ne pas être de nouveau suspendue…

Aujourd’hui j’ai perdu une bonne partie de mes biens et toutes mes économies. J’ai dû le faire afin de pouvoir vivre au quotidien, payer mes factures et notre alimentation… mais c’est le prix de la liberté.

Mon activité actuelle ne me permet pas de dégager de gros revenus et mes droits au chômage ne sont pas activés, sachant qu’ils ne seront de toutes façons pas conséquents puisque je n’ai pas cotisé au cours de cette période de suspension.

Je ne souhaite plus être salarié, du moins pour le moment, ayant pu constater que ce statut ne nous protège aucunement.

Ce qui m’a le plus consternée dans tout cela c’est l’absence, ou le silence des avocats. J’ai contacté tous ceux qui sont spécialisés en droit du travail dans ma région, aucun ne m’a répondu favorablement. Maitre Risacher, de Nancy, acceptait de me représenter aux Prud’hommes mais le coût de la procédure était élevé et je courais le risque d’être condamnée à payer des frais à mon employeur si je perdais. Je n’ai donc pas engagé de recours, d’autant plus qu’en septembre 2021, lors de ma suspension, j’étais allée à la maison du droit et de la justice à Caen pour connaître les recours possibles. J’avais été reçue par un représentant syndical défenseur aux Prud’hommes, qui m’a fait un cours sur les bienfaits de la vaccination ! Je n’ai pas voulu tenter le diable… Et rappelons que la Normandie a l’un des plus forts taux de vaccinés Covid de France.

Aujourd’hui je réfléchis à développer une seconde activité en plus de mon activité de mandataire, afin de me donner plus de souplesse financière et de sortir du gouffre dans lequel je suis tombée à partir du 15 septembre 2021.

Complément de témoignage recueilli en avril 2024

A ce jour Natacha n’est plus éducatrice. Elle est mandataire d’assurance pour le groupe AXA, spécialisé dans la protection sociale et patrimoniale (assurance de la personne et placement). Elle avait quitté la finance en 2016, elle y est retournée.