Ils ont été effacés, mettons-les en lumière

Nanou

ASHQ (Haute-Garonne)

« Je voulais être au service de l’humain. »

Nanou a 51 ans, elle est divorcée, mère de 2 enfants, dont 1 encore à charge. Embauchée comme contractuelle début janvier 2016, puis en tant que stagiaire de la fonction publique au 1er Mai 2021, elle est ASHQ (Agent de Service Hospitalier Qualifié) à l’Hôpital, mais exerce la fonction d’aide-soignante en USLD (Unités de Soins de Longue Durée) pour la personne âgée.

J’ai longtemps travaillé derrière un bureau, jusqu’à ce que je décide de me reconvertir. J’ai fait le choix d’apporter mon aide à des personnes en manque d’autonomie, je voulais être au service de l’humain.

Comme dans la plupart des instituts, j’ai travaillé à temps complet dans très mauvaises conditions. Je me suis abîmé le dos après avoir été mise sur un poste de fonction d’aide-soignante en USLD. J’ai été exploitée car j’effectuais le travail d’une AS (Aide-Soignante) mais rémunérée en dessous du SMIC, avec les mêmes tâches et les mêmes horaires, la seule différence c’est que je ne pouvais pas faire moi-même les transmissions informatisées, toutes tâches d’une AS effectuées par une ASHQ étant illégales. L’hôpital ne voulait pas laisser de trace en cas de problèmes ou d’erreurs médicales.

Je devais intégrer la formation d’aide-soignante en janvier 2022. J’ai dû la repousser d’un an pour finalement ne plus donner suite parce que je ne voulais pas me faire injecter. J’ai été suspendue le 15 septembre 2021 alors que j’étais en arrêt maladie, ce qui est illégal. J’ai fait un recours en référé au tribunal administratif de Toulouse avec le concours de Maître David Guyon, il a été rejeté avant que le conseil d’état statue, en février 2022, sur l’interdiction de suspendre pendant un arrêt de travail.

Suspendue sans rémunération, je ne reçois plus de bulletins de salaire. Mon arrêt maladie a pris fin en septembre 2022 et à partir du mois de Novembre j’ai pu trouver à faire une dizaine d’heures de ménage par semaine, en CESU. En février 2023 j’ai fait une demande de longue maladie pour mes problèmes de dos, elle m’a été refusée. Pendant tout ce temps j’ai vécu avec moins de 800 € par mois, alors que je n’arrivais déjà plus à joindre les deux bouts avant la suspension. Je survis tous les jours avec la peur de ne pas m’en sortir financièrement, de perdre mon logement et de ne pas pouvoir subvenir aux besoins de mon fils, qui est obligé de travailler un peu pour subvenir à ses dépenses.

Je suis suivie par une psychologue et une hypnothérapeute qui pratique l’EMDR (Eye Mouvement Desensibilisation and Reprocessing), c’est-à dire la désensibilisation et le retraitement de l’information par les mouvements oculaires. C’est une thérapie d’hypnose qui permet de reprogrammer le cerveau en agissant sur les neurones, qui m’aide à gérer mes angoisses, mes idées noires et mes troubles alimentaires directement liés aux traumatismes de l’humiliation que j’ai subie.

J’ai été abîmée par une punition infligée par un gouvernement entêté qui s’acharne à faire de nous, soignants, des exemples, des parias et des sous citoyens. Ceci est indigne des principes républicains. Je ne veux pas être réduite à devenir un cobaye de laboratoire en acceptant de me faire injecter un produit en phase expérimentale. Je veux rester libre de mes choix et de ce que je mets dans mon corps. Hors de question de jouer à la roulette Russe !

Nous savons aujourd’hui que les injections ne servent à rien et qu’elles occasionnent beaucoup d’effets indésirables. J’ai moi-même été témoin d’effets secondaires après injections chez des patients du service dans lequel je travaillais, et malgré le déni de mes autres collègues j’ai tout de suite fait le lien. Certaines collègues ont accepté l’injection par obligation et par extorsion de consentement, elles n’en voulaient pas mais ne pouvaient pas se permettre de perdre leur travail. Moi, j’ai opté pour ma santé avant tout.

Nos collègues vaccinées ont travaillé alors qu’elles étaient positives au Covid-19, c’est totalement aberrant.

A 51 ans je sais qu’il va m’être difficile de retrouver un emploi stable. Comme tous les suspendus, je n’ai pas d’autre choix pour survivre que d’accepter des petits boulots, en contrat CESU pour ma part, en attendant une éventuelle réintégration, un licenciement ou une demande de rupture conventionnelle, si je n’en ai pas le choix.

Ce sera le remerciement de notre hiérarchie après plusieurs années de dévouement de bons et loyaux services et de travail acharné. Pas la moindre reconnaissance…

Finalement, peut-être que cette expérience m’aura permis d’y voir plus clair. Elle confirme que je ne souhaite pas travailler dans une institution qui maltraite ses résidents et ses salariés, je veux simplement donner des soins et apporter mon aide avec bienveillance.

Mais aujourd’hui je suis détruite et déprimée, l’acharnement de ce gouvernement est en train de me tuer…

Témoignage recueilli fin avril 2023