Ils ont été effacés, mettons-les en lumière

Nadine

Aide à domicile (Finistère)

« Pendant vingt ans, j’ai beaucoup dit oui, et là je me suis surprise à prononcer un NON ferme »

Nadine a 55 ans ; séparée, elle est mère de deux enfants, de 24 et 18 ans. En CDD, son contrat à l’ADMR (Aide à Domicile en Milieu Rural) s’est arrêté le 14 septembre 2021.

J’avais envie de témoigner, pour monter qu’il y a toutes sortes de personnes affectées par l’obligation vaccinale.

A la fin du premier confinement, j’ai décidé de changer d’orientation, car le travail que j’avais laissé était saisonnier. J’ai postulé auprès de l’ADMR et j’ai été appelée fin novembre 2020.  J’adore le contact avec les gens, pouvoir parler, rire avec eux, aller les promener. Je faisais la vaisselle, le ménage, les courses, je leur faisais également à manger. Parmi les personnes dont je m’occupais, il y avait des jeunes, des jeunes qui étaient paralysés. Mais pour la plupart, il s’agissait essentiellement de personnes âgées. Certaines d’entre-elles ayant plus de 90 ans et refusant de se faire vacciner : « De toute manière, je sais très bien qu’un jour je vais partir, je ne veux pas être vaccinée ». Ce n’était pas des personnes isolées ; fragiles certes, mais informées. C’était leur choix. Et l’une d’entre elles aura 101 ans au mois d’avril prochain ! On portait le masque et on respectait les mesures d’hygiène. Personne autour de moi n’a été victime de l’infection par le Covid. Une de mes amies a eu une forme grave de la maladie, mais cela après qu’elle ait été vaccinée, pas avant.

La réalité que j’ai vécue n’était pas du tout celle présentée par les médias. Pendant longtemps j’ai été accro à la télévision. Dès qu’il y avait une télévision d’allumée, j’avais l’impression d’être aspirée. Je me suis retrouvée plusieurs fois en gîte en attendant de trouver mon logement, et certains gîtes avaient la télévision. Je l’allumais systématiquement, d’abord pour le bruit de fond, puis je restais scotchée à l’écran. Quand il n’y avait pas de télévision, je faisais plein de choses. Et là, ça a été catégorique, j’ai dit, quand je serai chez moi, il n’y aura plus de télévision. Et c’est le cas aujourd’hui, il n’y en a pas. Je m’en porte très bien.

A l’annonce de l’arrivée du vaccin, ma réaction a été immédiate : non, je n’en voyais pas l’intérêt. Ayant été formée à l’herboristerie, j’ai pour habitude de chercher, de me documenter au maximum et au fond de moi je ne le sentais pas. J’ai compris que ça n’était pas vraiment un vaccin, mais plus un essai thérapeutique, alors non. Je suis, d’habitude, une personne qui dit oui facilement et pendant vingt ans j’ai beaucoup dit oui, et là je me suis surprise à prononcer un non ferme. C’était comme un instinct de survie.

J’étais en CDD. A partir du moment où j’ai dit « non, je ne me ferai pas vacciner » mon contrat a pris fin. Depuis j’ai été relancée par mon employeur. J’adorais être auprès des personnes âgées, alors j’ai dit « Oui, je viens tout de suite » – « Tu es vaccinée ? » – « Non, toujours pas ». Cela a bien entendu été sans suite. Cette démarche était la conséquence d’un manque d’effectif, mais j’ai aussi senti comme une incitation à me faire vacciner. « Tu sais, tu vas bien être obligée d’y passer ». Eh bien, non, je n’ai pas changé d’avis.

Je suis la seule de la famille à ne pas être vaccinée, donc on évite d’en parler. Nous ne sommes pas du tout sur la même longueur d’onde. Le plus dur, ça a été en juillet 2021, quand le gouvernement a décidé la vaccination pour les enfants de plus de 12 ans. Mon fils, le deuxième, voulait à tout prix le faire. Mon grand l’avait fait bien avant, en cachette, sachant très bien que Maman, elle, n’aurait pas été très contente. Il a 23 ans, c’est son corps, il lui appartient. Avec mon fils de 17 ans, on s’est bien chamaillé ; avec son père aussi. Et au final, le fils a demandé au père de l’emmener pour se faire vacciner et signer les papiers. Donc là, ça a été, la rage ! C’était pour protéger ses grands-parents disait-il… Mais il l’a fait surtout pour pouvoir sortir, pour pouvoir vivre comme avant. « Tu ne vivras jamais plus comme avant », lui ai-je dit.

J’avais peu de liens avec mes collègues, car on avait très peu de temps pour se voir. Les deux personnes que j’accompagnais, au début, ont arrêté après 20 ans de service. Elles ne sont pas vaccinées mais travaillent toujours dans l’accompagnement à domicile. Certaines personnes âgées, non vaccinées, étaient contentes de les voir, mais les familles ont refusé. Elles ont, malgré tout, beaucoup de personnes non vaccinées dans leur clientèle. Ce travail me plaisait beaucoup, j’ai essayé moi aussi, mais je n’ai pas vingt ans d’expérience derrière moi. Je n’ai plus de contact avec les personnes que j’assistais. J’ai pensé aller les voir, mais j’hésite par rapport à la famille. Serai-je acceptée ?

Après le 15 septembre 2021, le premier mois a été dur. J’aimais ce métier et s’il n’y avait pas eu le vaccin j’y serais encore. Je me suis pris une grosse claque parce que je me voyais continuer à bosser là-dedans. Il a fallu accuser le coup, parce que jusqu’au dernier moment je n’y croyais pas. Ce qui me choque le plus, c’est la réaction des gens. Il y a tellement de gens autour de moi qui se sont fait vacciner que j’ai l’impression, non pas d’être mise à l’écart, mais je ne me sens pas comme eux. C’est comme si on s’isolait soi-même, plus ou moins. Dans l’ensemble je ne parle pas de mon statut vaccinal. Parfois, quand j’en parle, on me tourne le dos. Je trouve que les gens sont mous, ils ne réalisent pas ce qu’il se passe. On va quand même vers une dictature actuellement, pour ne pas dire qu’elle est déjà en place. Heureusement que j’ai rencontré quelques belles personnes, à diverses réunions où j’ai eu l’occasion d’aller, vraiment ça fait du bien.

Je suis sortie de mon état de crise au mois de décembre 2021. J’ai trouvé un petit boulot, 3 heures de nuit dans une piscine. Je me suis dit : « un peu de beurre dans les épinards ». Et bien non. Je touchais des indemnités chômage, mais du fait de ces quelques heures elles ont été diminuées de 70%. Et Pôle Emploi a eu le culot de me dire : « Vous vous rendez compte, vous avez gagné 80 euros de plus ! » J’ai eu beaucoup de frais pour me rendre en voiture à ce travail. De plus, j’ai perdu l’aide au logement que je percevais jusqu’à présent. C’est absurde, cela n’incite pas à travailler. Heureusement, grâce à une association que j’ai rencontrée cela va peut-être se régulariser.

Je donne des cours pour apprendre à reconnaître les plantes sauvages et médicinales, mais tout ceci est malheureusement très ponctuel.

J’ai plein d’idées, mais les mettre en place ce n’est pas évident. Je suis herboriste de formation, passionnée par les plantes.  Je rêve de créer une sorte de magasin où je regrouperais diverses plantes médicinales, que ce soient les tisanes, les hydrolats, les huiles essentielles ; ça fait longtemps que je mûris ce projet, mais je ne sais pas bien comment le mettre en œuvre. Je manque de contacts et de moyens financiers. Je vais essayer de mutualiser tout ce qui est produit ici, localement. Ce matin, comme je suis curieuse, je suis allée à la rencontre d’une jeune femme installée dans une galerie marchande, avec un magnifique magasin d’herboristerie. Elle a réussi à ouvrir son magasin avant même d’avoir fini sa formation. Alors, moi qui l’ai suivie jusqu’au bout, « pourquoi je ne m’y autorise pas » ?