Ils ont été effacés, mettons-les en lumière

Matthieu

Infirmier en psychiatrie (Tarn)

« Ne pas résister c’est devenir, petit à petit, insidieusement, acteur de sa propre destruction. »

Matthieu a 51 ans, divorcé, 3 enfants, diplômé en 1997,‌ il a acquis 23 ans d’expérience en psychiatrie. Suspendu depuis le 7 décembre 2021 il a pu retravailler du 26 janvier au 31 juillet 2022. Il est à nouveau suspendu depuis le 01/08/2022.

Ça fait plus de 20 ans que je travaille dans le même hôpital et aujourd’hui je suis suspendu pour la seconde fois. Tout ce qu’on me reproche, c’est d’avoir refusé de me soumettre à une injection expérimentale !

Au début de la crise, on avait demandé à la population d’applaudir les soignants, en mettant en avant leur courage, leur esprit de sacrifice, etc… Intuitivement, cette « sur-narcissisation » m’avait questionné : pourquoi encenser des gens qui, somme toute, ne font que leur travail ? Être confronté à une épidémie n’a rien d’extraordinaire dans une carrière de soignants. La réponse ne s’est pas trop fait attendre : suspension !

Je l’analyse comme les deux phases typiques d’un fonctionnement pervers. En effet, avant de faire tomber quelqu’un de son piédestal il faut déjà l’y mettre, comme ça la chute sera plus dure. Dans les phénomènes de maltraitances, car c’est bien de cela dont il s’agit, on vous porte aux nues pour pouvoir ensuite vous mettre plus bas que terre. Symboliquement c’est un mouvement du ciel vers les enfers, on peut également parler d’ascenseur émotionnel. Et en prime, vous créez une séparation entre ceux qui obéissent et les autres.

Nous avons dû accepter que ce soient précisément les personnes censées nous protéger, œuvrer pour le bien commun, qui soient devenues les agresseurs. A mon sens cette maltraitance est amenée à se répandre au delà des soignants, à d’autres corps de métiers, puis à la population toute entière. C’est un nouveau mode de fonctionnement de la part de nos dirigeants, dont il nous faut prendre toute la mesure.

Mais se soumettre, ou faire le dos rond en espérant passer entre les gouttes n’est pas un bon calcul. Tout le monde sera impacté, car s’il est une constante lorsqu’on se trouve exposé à des fonctionnements pervers, c’est le résultat final qui peut se résumer en un mot : destruction. Ainsi, toutes les petites compromissions, en apparence anodines, que l’on accepte jour après jour ne font que renforcer le processus. Ne pas résister c’est devenir, petit à petit, insidieusement, acteur de sa propre destruction, que se soit au niveau individuel ou sociétal.

Ayant fait cette analyse j’ai donc choisi de résister, afin de protéger ma famille et de rester en accord avec mes valeurs. Je ne peux que vous exhorter à dire NON, à refuser l’inacceptable, et à faire preuve de créativité pour la nécessaire reconstruction qu’il va nous falloir mener à bien après tout cela. Si vous ne le faites pas pour vous, faites-le pour vos enfants, c’est votre devoir de parents !

Même avant l’obligation vaccinale j’essayais d’attirer l’attention de gens sur le fait que ce vaccin n’était pas au point. A vrai dire j’étais plutôt impressionné quand ils ont dit qu’ils allaient faire des vaccins à ARN. Puis je me suis dit que de toutes façons on ne l’aurait pas avant 5 ou 10 ans. Mais quand j’ai vu que ça arrivait beaucoup trop vite, je me suis dit : « Ce n’est pas possible, une nouvelle technologie, en cours de développement, on ne peut pas la proposer comme ça, rien que par simple mesure de sécurité, ce n’est pas possible. » Au début, je n’y croyais pas, je pensais qu’ils n’oseraient pas le rendre obligatoire, surtout en phase expérimentale, mais ils ont osé !

Au travail, il y a eu une véritable scission dans mon équipe, comme dans la population en général, d’ailleurs. Il y a ceux qui faisaient confiance et qui nous prenaient pour des illuminés de mettre en doute la politique vaccinale gouvernementale et il y avait aussi beaucoup de personnels très critiques par rapport à tout ça, notamment par rapport à la sécurité. Pour beaucoup, beaucoup de gens, la première chose c’est la sécurité. On ne met pas au point un vaccin à technologie nouvelle en quelques mois… Et donc vis-à-vis de mes collègues, soit j’étais délirant, soit j’étais complètement con, soit j’avais raison. Il n’y avait pas, ou très peu de demi-mesure, ce qui empêchait le débat.

Personnellement je n’ai jamais eu à faire à des personnes agressives. Après, comme je suis infirmier en psychiatrie je sais comment éviter que ça aille vers l’agressivité, je n’ai jamais eu ce genre de souci. Ce qui bloque les gens dans leur réflexion, à mon avis, ce n’est pas tant l’agressivité, ni même l’indifférence, c’est plutôt une occultation : « Je ne veux pas voir, je ne veux pas comprendre, c’est trop douloureux, c’est trop difficile pour moi, d’affronter cette réalité-là… » C’est plutôt ça. Parce que quand on commence à ouvrir la boîte de Pandore, on découvre… Pour moi le vaccin Covid c’est juste le démarrage d’un dysfonctionnement beaucoup plus général. On commence à le voir de nos jours, avec les problèmes d’énergie, de nourriture, les problèmes des boulangers, tout ça… C’est devenu beaucoup plus global. C’était juste une « mise en bouche ».

Pour l’instant je suis toujours dans la lutte, je n’ai pas spécialement envie de me reconvertir, mais s’il faut le faire je le ferais. Je n’accepterais jamais que l’on me vaccine de force et que l’on fasse subir ça aux gens. Ça ne correspond pas à mes valeurs, donc si le soin tel qu’il est pratiqué maintenant ne correspond plus à mes valeurs, j’irais faire autre chose. Au quotidien je rencontre beaucoup de difficultés. Après 9 mois d’insistance j’ai enfin obtenu le RSA, mais j’ai plus de 50 ans, je suis de nouveau à la charge de mes parents, je ne survis que grâce la solidarité. Je suis partagé entre joie et humiliation. Voilà… La lutte continue, je pense qu’on a raison évidemment et qu’il ne faut pas lâcher, on va bien réussir à ce que la vérité sorte enfin.

Je n’exclus pas d’aller travailler dans un pays étranger, bien que cela me pose d’énormes problèmes d’organisation par rapport à ma famille, mais si ce n’est plus tenable, à un moment donné j’irais travailler en Belgique, en Suisse, ou ailleurs, je ne sais pas, là où ils n’ont pas empêché les soignants de travailler. Et ils en cherchent en plus !

J’ai refusé cette « vaccination » parce que ce n’est pas acceptable d’un point de vue éthique et déontologique. C’est ce que j’ai expliqué à mon DRH, lorsqu’il m’a suspendu. En effet, que ce soit un produit à ARN messager, ou un vaccin classique, à partir du moment où il est en phase de test personne n’a à accepter cela. Il n’est pas sain d’accepter de prendre des produits en phase de test juste parce que le gouvernement l’a décidé. C’est ouvrir la boîte de Pandore. Si demain ils décident, pour X raisons, de nous faire prendre un médicament dont on ne sait rien, dont on ne connaît pas la composition, dont on ne connaît pas les effets secondaires… c’est aberrant, aberrant ! Pour moi c’est impossible, ça va à l’encontre du droit, à l’encontre de la déontologie, à l’encontre de tous les fondements sur lesquels le soin est bâti en fait. Donc non, ce n’est pas possible.

Et on sait depuis toujours qu’il ne faut jamais vacciner en période épidémique contre un coronavirus, que ce soit avec un produit à ARN ou avec un vaccin classique, puisque cette petite bestiole passe son temps à muter. Je suis en bonne santé, j’ai un système immunitaire naturel, on n’a rien fait de mieux contre les coronavirus.

Témoignage recueilli en mars 2023

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LA REINTEGRATION

Depuis mon premier témoignage il s’est passé beaucoup de choses. Je me suis investi auprès du Syndicat Liberté Santé et j’ai eu la chance d’être présent à l’Assemblée Nationale, lors du vote en faveur de l’abrogation de la loi du 05 août 2021.

Expérience intéressante mais glaçante, qui nous aura fait voir les arcanes de la prise de décision au sein de l’Assemblée. Seul le rapport de force compte, peu importe le fond du problème, la justesse des arguments, en fait tout se joue au nombre de députés présents à un instant T, au moment du vote. Je l’ai vécu comme une immense pièce de théâtre, qui m’a procuré la joie d’avoir contribué à faire plier ce gouvernement, tout en étant conscient que pour un rien cela aurait pu basculer dans l’autre sens. Après la joie d’avoir contraint le ministre de la santé du moment à publier le décret permettant la réintégration des soignants, me voilà avec un nouveau statut : je suis dé-suspendu. Je vais donc pouvoir retravailler comme infirmier, mais je reste dans une situation d’insécurité tant que le Sénat n’aura pas voté l’abrogation de la loi. Un simple décret pourrait de nouveau m’exclure de mon travail, ils ont simplement suspendu la suspension.

J’ai donc été réintégré le 15 mai 2023. Je n’ai pas été reçu par les ressources humaines, ni par la médecine du travail, et ma reprise s’est faite en journée alors que je travaille de nuit depuis 17 ans. Je n’ai toujours pas compris ce qui avait motivé l’administration à m’obliger de réintégrer en journée pour me rebasculer dès le lendemain sur mon poste de nuit, je vous laisse seul juge…

L’accueil de mes collègues a été plutôt bon dans l’ensemble, la majorité d’entre eux percevant le coté excessif de toutes les mesures qui nous ont été imposées ces dernières années. Cependant, au fil des mois je me suis rendu compte qu’avec nombre de mes collègues nous ne parlons pas de la suspension, ni des effets secondaires. Cela m’évoque le secret pervers au sein des familles, qu’il faut taire à tout prix. La souffrance n’est pas l’apanage des soignants suspendus, ceux qui se sont soumis ou qui ont triché avec l’obligation vaccinale et ont pu rester à l’hôpital ont également connu leurs lots de douleurs.

En effet j’ai retrouvé un hôpital en manque chronique de soignants et de moyens pour pouvoir travailler correctement, ainsi qu’une maltraitance institutionnelle érigée en doctrine de management (menaces de fermetures de services, suppressions de poste, remplacements incessants sur d’autres services, ainsi qu’une hyper-normalisation des pratiques non adaptées à la psychiatrie selon moi). Mon ressenti par rapport à cela c’est qu’ils nous maintiennent dans un état d’insécurité permanent afin d’essayer de nous rendre corvéables à merci. Finalement il m’apparaît de plus en plus difficile de m’occuper des patients, car une grande partie du temps de travail des soignants est accaparée par des tâches de fonctionnement institutionnel. Il est de plus en plus difficile de créer du lien et de recueillir la parole des patients. Tout est fait pour nous transformer en exécutants dociles de l’institution, sans liberté dans notre mission de prendre soin, nous sommes tout juste bons à distribuer des médicaments et à appliquer servilement la doctrine de santé en vigueur sur le moment. C’est la possibilité d’individualiser nos prises en charge qui est remise en question, toute latitude d’adaptation de nos pratiques à la personne nous est contestée. Il faut suivre le protocole quoi qu’il en coûte. L’état des hôpitaux est catastrophique, pire qu’il n’était avant la suspension, la destruction de l’hôpital public est très avancée.

Mais je n’étais pas au bout de mes surprises. En effet en raison du manque de personnel j’ai été amené, comme mes collègues, à faire des remplacements réguliers dans d’autres services et notamment aux urgences de l’hôpital général afin de m’occuper des patients relevant de la psychiatrie. Et le moins que l’on puisse dire c’est que tout ceci a laissé des traces profondes dans la population, notamment chez les jeunes, qui ont été très impactés par les mesures de privation de liberté que l’on a tous subies. Avant la suspension il était rare de recevoir des mineurs ou des jeunes adultes la nuit aux urgences. Maintenant c’est devenu la norme… Le traumatisme infligé mais non conscientisé a également impacté nombres d’adultes et la perte de confiance envers le monde de la santé est palpable.

En conclusion la réintégration, tant attendue, m’a facilité la vie d’un point de vue purement économique, j’ai enfin retrouvé mon salaire, mais l’état de notre système de santé me fait froid dans le dos, la politique menée par les gouvernements successifs s’infiltre dans nos prises en charge et tend à déshumaniser le soin. La réaction de mes collègues soignants me semble très en deçà de ce qu’elle devrait être, tout comme elle l’a été au moment de l’obligation vaccinale. Du coup j’ai décidé de continuer à m’investir dans des associations et auprès du Syndicat Liberté Santé, afin de contribuer à faire évoluer les choses.

Pour finir, je rapporte les propos d’un de mes collègues vaccinés avec qui j’ai pu discuter de tout cela et qui me disait en substance : « Je sais que tu as raison mais je n’arrive pas à l’intégrer ». Il y a un déni protecteur qui s’est mis en place chez beaucoup, aussi bien chez les soignants que dans la population, mais qui est en train de s’effriter.

On s’achemine donc tout doucement vers un retour à la réalité…

Complément de témoignage recueilli en mai 2024

Matthieu a retrouvré son poste le 15 mai 2023. Il fait le constat d'un hôpital public en état de destruction avancée.