Ils ont été effacés, mettons-les en lumière

Christine

Infirmière (Finistère)

« Je ne serai plus jamais infirmière, j’ai envie de déchirer mon diplôme, il ne va plus jamais me servir. C’est fini. »

Christine a bientôt 63 ans. Elle a commencé sa carrière d’infirmière à l’âge de 28 ans, moitié en hôpital et moitié en libéral. Elle a un enfant qui n’est plus à sa charge et vit seule. Sa carrière s’est arrêtée au bout de 34 ans, au mois de septembre 2021.

Si je n’avais pas arrêté mon travail en septembre 2021, à l’heure d’aujourd’hui je serais à la retraite. J’avais décidé de la prendre à soixante-deux ans, mais avec ce qu’il s’est passé j’ai été obligée de retravailler. J’ai travaillé six mois en tant que plongeuse en restauration et actuellement je cherche à nouveau du travail.

J’ai un fils d’une trentaine d’années qui vit en Normandie, comme la plus grande partie de ma famille, mais ici je vis seule. Depuis sept ans j’étais infirmière remplaçante, je me déplaçais dans la France entière, mais surtout dans le Sud. Je travaillais pour des cabinets dans différentes régions, j’y allais tous les ans au moment des vacances ou des arrêts maladie. Même si, au début, il y a des moments où la remplaçante n’est pas celle qui a le beau rôle, une fois qu’on est connue et qu’on revient, on fait un peu partie de l’équipe. J’avais beaucoup de plaisir à retourner travailler dans ces cabinets. Ça me permettait d’avoir une bonne liberté et puis des grandes périodes où je pouvais faire autre chose et me régénérer, et pour mes dernières années de carrière, c’était bien. Je travaillais beaucoup en milieu rural, à la montagne, etc. C’est un type de soins à domicile qui me plaisait, il y avait une lourde charge de travail et beaucoup de kilomètres dans une seule journée, mais je ne ressentais pas le même stress qu’en ville. Ça demande beaucoup, beaucoup d’efforts pendant un laps de temps assez court, mais il y a une véritable indépendance.

La première fois qu’on a entendu parler du Covid en Chine, j’étais assise sur le canapé avec mon compagnon et je lui ai dit : « je ne sens pas ce virus, je ne le sens pas, mais je sens qu’il va se passer des choses terribles. » Nous étions en janvier 2020.

Je me souviens des deux confinements qui ont suivi, mais comme j’étais au travail je n’en ai pas trop souffert et pour le troisième j’étais ici, en Bretagne. Il y avait un virus inconnu, confiner un peu les gens et éviter les groupements de foule j’étais assez d’accord sur le principe, au début. Mais par la suite j’ai senti que ça prenait des proportions complètement irrationnelles. Les gens pouvaient prendre le métro pour aller travailler, tout en étant confinés, on avait le droit de faire les courses au supermarché, mais on n’avait pas le droit d’aller chez l’épicier, tout ça manquait de logique.

Ce sont les cabinets pour lesquels je travaillais qui fournissaient les équipements de protection et nous étions très vigilants. Nous n’avons pas connu de pénurie de masques mais il nous est arrivé de manquer de gel hydroalcoolique. Avec une infirmière, fille d’agriculteurs, nous en avons fabriqué avec ce qu’on appelle la goutte, utilisée pour faire de l’alcool de prunes en Aveyron. Je me souviens d’un monsieur qui s’était cassé la jambe et prenait des anti-coagulants. Nous entrions chez lui et sa femme, habillées comme des cosmonautes, et cela les faisait beaucoup rire. L’épouse avait eu le covid pendant quinze jours, elle en était guérie, son mari de l’avait pas attrapé et nous, on se déguisait pour aller faire une piqûre de Lovenox ! Je sentais bien qu’il y avait une exagération. Très peu de temps après, il suffisait d’un peu de discernement pour comprendre que nous étions dans une hystérie collective. Je l’ai dit, je l’ai senti, car j’ai une qualité : du bon sens.

Le propriétaire de l’un des cabinets pour lesquels je travaillais est décédé d’une crise cardiaque suite à un Covid, mais à part ce cas j’ai rencontré très peu de personnes malades du virus.

Quand les médias ont annoncé l’arrivée du vaccin, je pouvais difficilement prendre parti. J’entendais bien qu’il y avait une mortalité chez les plus âgés et je me mettais à la place des personnes fragiles. Je n’étais pas opposée au vaccin au début, les soignants n’étaient pas prioritaires à ce moment-là, mais je m’étais dit pourquoi ne pas aller dans un centre de vaccination ? Et peu de temps après je me suis inscrite pour aller vacciner les gens.

Quand il y a trop de battage médiatique je me méfie énormément, j’étais en clignotant orange bien avant le Covid et quand j’ai vu tout ce battage à la télévision avec les images des morts aux urgences, j’ai voulu en savoir davantage sur le plan scientifique. J’avais entendu dire que ce vaccin faisait partie des thérapies géniques, et je suis allée voir Christian Velot docteur en biologie, spécialisé en génétique moléculaire. Il m’a refait tout un cours sur les vaccins, et après l’avoir écouté, je sentais qu’il y avait comme un point d’interrogation à la fin. J’ai commencé à avoir des doutes et je me suis dit : « je vais attendre au maximum pour moi, et je ne vais pas aller vacciner les autres. » Donc je n’ai vacciné personne. La plupart des patients que je visitais étaient des personnes âgées. Ils avaient beau parler du virus comme d’une « putain de peste », ils écoutaient leur médecin traitant, ils se sont tous fait vacciner.

J’étais davantage favorable à un vaccin classique, comme celui que cherchait à mettre au point un laboratoire de Nantes et je n’ai pas compris que Macron refuse de financer le lancement de la production en France. Pourquoi vouloir imposer au monde cette thérapie génique alors qu’on peut avoir des vaccins semblables à celui de la grippe ? Et petit à petit on réalise que derrière tout ça il y a beaucoup d’argent en jeu. Pourquoi on ne donne pas la composition de ce vaccin ? Pourquoi on ne donne pas le contenu des contrats au niveau de l’Europe ? Il y avait aussi beaucoup de questionnements au niveau des tests, faux négatifs, faux positifs, et des résultats qui variaient pour une même personne selon l’endroit où le test était pratiqué.

J’ai rencontré des gens qui ont été soignés à Marseille et très bien soignés, j’ai suivi le professeur Perronne, j’ai suivi le professeur Raoult, je ne pouvais qu’adhérer à leur discours.

Je n’ai jamais reçu aucun courrier officiel concernant ma suspension. L’agent de placement qui me trouve mes missions m’a dit : « Vous allez arrêter puisque vous n’êtes pas vaccinée ». C’était l’été, l’ordre des infirmiers venait de renouveler mon autorisation de travailler pour une année. J’aurais peut-être pu tricher. Quand je faisais un soin, je travaillais au nom de l’infirmière que je remplaçais, c’est sa carte professionnelle qui était utilisée, jamais la mienne. L’infirmière me payait, pas la Sécurité Sociale. J’aurais aussi pu avoir un faux, mais je voulais être honnête vis-à-vis des collègues qui m’avaient fait confiance. Toutes celles qui ont leur cabinet sont moins libres que moi, c’est leur gagne-pain, beaucoup se sont faites vacciner à contre cœur… elles ont des crédits sur le dos, elles n’ont pas voulu changer de vie. J’ai réfléchi, je n’étais pas très loin de la retraite et j’ai décidé d’arrêter.

En ce qui concerne mon statut de non vaccinée et ce que j’ai ressenti ici dans mon quartier ? Deux personnes qui venaient boire le café avec moi m’ont tourné le dos quand elles ont su que je n’étais pas vaccinée. Elles ont un petit fils immunodéprimé et pour elles je fais partie des méchants. Depuis qu’elles savent que même vacciné on transmet le virus, elles me disent à nouveau bonjour. Dans ma famille il y a quelqu’un qui m’a dit : « à cause de gens comme toi, non vaccinés, les hôpitaux vont être débordés. » Ce discours a été véhiculé par les médias. Tu payes tes soins, ou tu laisses ta place, c’est de ta faute si tu es malade ! Et le diabétique, il faut qu’il paye parce qu’il a mangé trop de sucre ? Le fumeur, il faut qu’il paye ses soins parce qu’il a fumé, et on va où comme ça ?

J’ai gardé contact avec plusieurs collègues dans le Sud, on a créé des liens amicaux et ces liens sont restés. Par contre j’aurais aimé percevoir un sentiment de colère ou d’injustice de la part de mes proches, mais la plupart des gens ont accepté la situation sans sourciller, avec une forme de soumission complète. Je pense que les gens ont été mis dans la peur, la peur tétanise tout le monde, et puis, ils ont bien vite baissé les bras… Ils sont tenus par les médias, ils sont un peu comme quelqu’un qui tombe du cinquantième étage mais « l’important ce n’est pas la chute, c’est l’atterrissage ». Pour l’instant les gens n’ont pas encore atterri.

Après mes six mois en restauration, j’avais le droit au chômage en attendant de préparer ma retraite ou de reprendre un petit job. Et bien je ne touche pas le chômage ! Pourquoi ? Parce que je suis senior et que en tant que senior je dois présenter une attestation à la caisse de chômage, un papier qui prouve que je n’ai pas demandé ma retraite. Pour avoir ce simple papier, il y a quatre mois d’attente… alors je décide d’oublier le chômage et je demande ma retraite… mais non, impossible, demande refusée… « Vous avez déjà un dossier en cours ».

Maintenant je cherche du boulot. A Pôle-emploi, ils trouvent cela hallucinant mais il va falloir qu’ils s’habituent parce que des seniors dans mon cas, ils vont en avoir et il vaudrait mieux les prévenir. Les gens sont très mal informés et il y en a qui vont se retrouver dans des situations vraiment difficiles. Je fais du ménage et un peu fonction d’infirmière huit heures par semaine chez une dame de 85 ans. Elle n’est pas vaccinée et elle ne veut pas qu’on l’embête avec le vaccin, c’est pour cela qu’elle m’a embauchée, et ça m’aide financièrement.

Heureusement que j’ai des ressources spirituelles pour m’aider et des bonnes personnes autour de moi. Je suis conseillère en naturo-thérapie, je me soigne à ma façon, le médecin, il ne me voit pas et je n’ai jamais eu le Covid.

Il y a trois semaines j’entends Elise Lucet qui parle des infirmiers libéraux comme étant des escrocs à la sécurité sociale. Oui, sans droit de réponse ! Elle a pris deux infirmiers dans le sud, de mèche avec un toubib et on est tous passés pour des voyous. Évidemment qu’on aspire énormément l’argent de la sécurité sociale, mais si ce que l’on fait était tarifé au niveau de l’hôpital ce serait beaucoup plus. Quand je réalisais un nursing lourd, seule, le tarif c’était 15 euros de l’heure, brut…!

Si à l’heure d’aujourd’hui ou si demain on nous disait, vous êtes réintégrés, on efface tout, vous pouvez revenir travailler, je n’y retourne plus jamais, c’est terminé. Je ne veux plus être infirmière pour personne, sauf pour rendre service, en bienveillance ou si quelqu’un à côté de moi va mal, mais je ne serai plus jamais infirmière, j’ai envie de déchirer mon diplôme, il ne va plus jamais me servir. C’est fini. J’ai presque du regret d’avoir fait ce métier pour avoir été traitée de cette façon, mais… je ne veux pas avoir de regrets, parfois je m’énerve un peu comme en ce moment, mais j’ai aussi des bons souvenirs, oui j’ai des bons souvenirs.

J’ai vécu avec mes réserves et aujourd’hui je n’ai plus rien pour vivre. Mais je sais que ma famille et mes amis sont là, prêts à m’aider financièrement et ce soutien est formidable. Il y a des soignants dans des situations bien plus difficiles que moi, mais, d’un grand mal nait toujours un grand bien et pour cela nous devons garder espoir. Je commence une nouvelle vie et je suis fière d’avoir résisté et d’être restée lucide.