Ils ont été effacés, mettons-les en lumière

Martine

Infirmière (Ardèche)

« Printemps 2020 : On s’adapte, on rassure, on écoute, on panse les cœurs et les corps, on est là ! »

Martine a 54 ans, elle est célibataire. Gréviste du 1er octobre 2021 au 3 février 2022, elle est suspendue depuis le 4 février 2022, après 25 ans d’ancienneté en services de psychiatrie adulte.

Mars 2020 : Alerte rouge, le méchant virus est arrivé en France.

Avril 2020 : Pas de masques, mais ce n’est pas grave, ils ne servent à rien paraît-il ! Ah, oh fait, je suis contaminée, une moitié des soignants a été contaminée au travail, mais ouf, pas de patients positifs au Covid pour cette fois.

Je ne vois plus personne, je suis cloîtrée chez moi ; heureusement, avec mon ami, nous ne vivons pas sous le même toit ! Il a interdiction de m’approcher. J’ai peur pour lui. Mon médecin m’a renvoyée chez moi avec une prescription de paracétamol et me conseille d’appeler le SAMU si mon état se dégrade. On sera reconnu en maladie professionnelle, on ne sait jamais, ça peut servir. Je n’ose pas dire aux voisins que je suis malade.

Mai 2020 : Ouf, la bête m’a laissée en vie. J’ai pu reprendre le travail depuis quelques jours déjà, et c’est tant mieux. Des réunions Covid ont lieu chaque semaine et oui, je suis élue au CHSCT (Comité d’Hygiène de Sécurité et des Conditions de Travail) ; on se débrouille comme on peut dans les services, les consignes se succèdent également, les incohérences aussi. Et nos têtes pensantes ? Elles oublient parfois que nous soignons des personnes atteintes de troubles mentaux. Quid des gestes barrières ? On s’adapte, on désinfecte, on rassure, on désinfecte, on écoute, on désinfecte… On panse les cœurs et les corps, on est là ! Confinement, déconfinement… On est libre, ou presque !

Reconfinement ! Zut, la bête revient ! Cette fois, quelques patients sont aussi contaminés, mais ils vont bien. Par contre, il faut leur curer leur nez ! On apprend, on le fait mais… Quelle violence ! C’est intrusif, mais j’obéis ; pour l’instant.

Je me pose de plus en plus de questions. Le vaccin est là, ouah c’est du rapide ! Mais bon, de toute façon il ne sera pas obligatoire, ils nous l’ont dit ça aussi ! Ah, oh fait, pas de reconnaissance en maladie professionnelle pour moi : et oui, je n’ai pas eu besoin d’oxygène ! (l’oxygène, c’est la condition pour que le Covid soit reconnu en maladie professionnelle). Heureusement je n’ai pas de séquelles.

Les mois passent, 12 Juillet 2021 : catastrophe ! Le président annonce l’obligation vaccinale pour les personnes travaillant dans le soin ! Ce n’est pas possible ! Peu de mes collègues sont choqués, beaucoup sont déjà vaccinés. J’erre dans les rues et sur les réseaux sociaux à la recherche de personnes qui pensent comme moi. Je me sens seule.

Mais non en fait, j’en trouve d’autres, une, deux, trois personnes… Et puis en fait, beaucoup. On se soutient, on se dit qu’ils ne vont aller jusqu’au bout et puis si, ils le font ! Avec une autre « rebelle » nous disparaissons de notre service, mais personne ne s’en offusque. Même pas, parmi mes collègues, celles qui sont devenues des amies, parfois de très longue date. J’ai fait un choix paraît-il ! Elles disent s’inquiéter pour moi, mais… On ne se comprend plus ; nous nous voyons de moins en moins, puis plus du tout. Seuls 3 bons collègues prennent de temps en temps de mes nouvelles, par de petits SMS.

Nous sommes les parias, les mauvais élèves, nous sommes dangereux à ce qu’ils disent. Pourtant, j’ai vérifié, j’ai encore plein d’anticorps, mais en fait, ils s’en foutent, tout ce qu’ils veulent c’est nous injecter ce produit. Il manque des soignants partout, mais on ne veut plus de nous ! Que va-t-il se passer maintenant ? De quoi vais-je vivre ? Je n’en sais rien, ce que je sais par contre c’est qu’après m’être investie dans mon travail, après avoir respecté mes patients toutes ces années, aujourd’hui JE ME RESPECTE.

Mais pourquoi risquer de perdre un métier que j’aime ?

  • Un médicament, quel qu’il soit, doit passer plusieurs phases avant de pouvoir être utilisé sur l’homme. Nous n’avons aucun recul sur ce « vaccin » qui a eu une AMM conditionnelle, ce qui veut dire que les données à long terme sur son efficacité et sa sécurité ne sont pas connues.
  • De plus, j’ai contracté la maladie au début de l’épidémie et j’ai donc une immunité naturelle qui est probablement bien meilleure qu’une immunité générée par le biais de la vaccination.
  • Je suis vaccinée (DTP, hépatite B), c’est obligatoire pour exercer mon métier, mais je refuse de participer à une expérimentation à grande échelle pour une maladie qui n’a généré chez moi aucun symptômes de gravité ; et puis si tel était le cas il y a de vieux médicaments qui peuvent aider à la guérison, pour peu qu’ils soient prescrits !
  • Enfin, je ne suis pas plus dangereuse pour mes patients qu’un collègue « vacciné », puisque ce produit n’empêche ni de contracter, ni de transmettre la maladie.

Alors NON, je ne céderai pas à cet odieux chantage ! Le sens critique est primordial dans mon métier (bien que nous soyons à l’ère des protocoles qui nous freinent beaucoup dans nos réflexions). Il est essentiel, non seulement de panser les cœurs et les corps, mais aussi de penser nos pratiques professionnelles ; ne pas appliquer bêtement les prescriptions, les fameux protocoles pour éviter d’avoir des gestes, des comportements nocifs pour nos patients. C’est la base : réfléchir pour éviter de nuire. Ce que je me suis efforcée d’appliquer à mes patients, durant toutes ces années, je me l’applique aussi !

Aujourd’hui je ne reconnais plus mon pays :

  • Où est passée ma LIBERTE de choix ?
  • EGALITE, ah oui ? Pourtant nous n’avons pas les mêmes droits que les autres concitoyens.
  • FRATERNITE ? Monsieur le Président met volontairement dans la précarité des milliers de personnes (qu’il a encensées quelques mois plus tôt) à cause de leur refus d’obéissance à une loi inique : quel bel exemple de fraternité !

Avril 2022 : il y a 2 ans j’ai été malade Covid ; Depuis, impossible de contracter à nouveau la maladie ; pourtant j’ai passé des journées entières avec des personnes contaminées, mais en vain. Impossible d’avoir un pass pour reprendre le travail. Et oui, je ne travaille plus depuis Octobre 2021 : en grève pendant 4 mois, puis suspendue début Février 2022, car mon syndicat a décidé d’arrêter la grève qui courait depuis le mois d’Août 2021 pour lutter contre cette loi liberticide. Pourtant, c’est de pire en pire, nous perdons de plus en plus de libertés ! Je quitte mon syndicat après plus de 20 ans d’investissement, de temps passé à défendre nos acquis. Ils n’ont rien fait pour nous.

Sans salaire depuis 6 mois, je vis sur mes économies. Ça commence à faire long. Même si la lutte prend beaucoup de temps et nous occupe, le salaire n’est pas là. J’ai accepté des dons d’argent, de la nourriture. Je ne suis pas à la rue, mais l’avenir est incertain. Je viens de faire une petite mission d’intérim. J’ai refusé de tricher, j’ai refusé les dons de salives contaminées ; je veux pouvoir prouver que je n’avais pas tort de me méfier de ce « vaccin » et de croire en mon immunité naturelle. Et le temps qui passe me le confirme : non seulement cette injection a une efficacité plus que limitée, mais en plus les effets secondaires sont de plus en plus dénoncés. Et moi, ni malade, ni même simplement un autotest positif ! J’ai perdu mon travail (provisoirement ?), j’ai perdu des amis ; la blessure est immense. Mais, j’ai aussi rencontré de très belles personnes et surtout, je suis restée respectueuse de mon corps. La lutte continue contre ces ignominies : ce pass vaccinal pour travailler et ce pass sanitaire pour se faire soigner !

Juillet 2022 : les missions d’intérim se succèdent, mais pas forcément à temps plein.

Mon salaire a diminué de moitié par rapport à il y a un an. On ne parle pas de nous dans les médias, pourtant le manque de personnel dans les hôpitaux fait craindre un été catastrophique. Le virus circule beaucoup à ce qu’il paraît. J’attends qu’il veuille bien passer par mon nez, ma bouche, mais toujours pas.

Août 2022 : Enfin ! Le pass sanitaire n’est plus obligatoire pour entrer dans un hôpital.

Le plus souvent, la population pense que tout est redevenu « normal » ; mais non, l’obligation vaccinale est encore en vigueur : nous ne pouvons pas retourner exercer notre métier !

Je suis toujours intérimaire, je n’accepte aucune longue mission, car je garde espoir d’être réintégrée du jour au lendemain.

Septembre 2022 : Avec mes nouvelles amies, suspendues ou pas mais, convaincues de la nécessité de défendre le consentement libre et éclairé, nous allons bientôt faire notre première représentation théâtrale : la troupe des Indispendues joue « En marche ou crève ». Grâce à une metteuse en scène, rencontrée lors d’une action de soutien à une suspendue, nous allons pouvoir dire ce que nous avons vécu et ce que nous vivons encore aujourd’hui : oui, tout le monde doit savoir !

MERCI à tous ceux qui nous soutiennent depuis des mois, de diverses manières : dons de temps, d’argent, de nourriture, de savoir-faire, de présence, de paroles réconfortantes…

Sans vous tous, où en serais-je aujourd’hui ?