Ils ont été effacés, mettons-les en lumière

Marie

Bibliothécaire (Alpes-de-Haute-Provence)

« La liberté ne se conquiert pas, elle dort en chacun de nous et c'est être libre que de l'exercer pour faire son choix. »

Marie a 45 ans, elle vit en famille recomposée avec son conjoint, 2 grands enfants et une petite fille. Fonctionnaire titulaire depuis 2004, elle a exercé pendant 16 ans le métier de bibliothécaire. Elle est suspendue depuis le 1er février 2022.

Si je témoigne aujourd’hui, c’est pour figer ce moment où la démocratie a peu à peu basculé, où le bon sens a été aboli et les libertés fondamentales bafouées, dans l’indifférence générale.

C’est pour témoigner de ce glissement de société, depuis mars 2020 où pour la première fois des histoires épidémiques on a enfermé des malades avec des personnes saines, où on a refusé de prescrire des médicaments dont on sait maintenant qu’ils sont des remèdes, jusqu’à la loi du 5 août 2021, qui automatise le fait de devoir montrer un QR code pour pouvoir consommer et donc vivre comme la majorité des gens.

Le simple fait de présenter un QR code pour pouvoir se déplacer est une atteinte aux libertés. Comment accepter ce contrôle, des centres commerciaux aux centres médicaux, des restaurants aux lieux culturels ? Le milieu culturel, justement, c’est mon métier : bibliothécaire.

Notre déontologie est claire et définie par plusieurs chartes : Accueillir tout le monde, sans distinction de santé, d’opinion, de couleur, de statut… La liste est longue. Permettre l’information la plus large et contradictoire pour que les êtres puissent se nourrir de la connaissance, y opposer des arguments, donner accès à des clefs dont se forge un esprit libre et critique, éclairé de l’expérience léguée par le passé, l’histoire, la philosophie et toutes les disciplines qui permettent de mieux appréhender et lire le monde qui nous entoure.

Il y avait déjà de sérieux problèmes avec le contenu de ces chartes avant le 5 août 2021, mais ce jour a cristallisé pour moi l’abandon du code des bibliothécaires et donc l’impossibilité de poursuivre mes missions. Comme beaucoup de professions contraintes (toutes celles s’exerçant dans des ERP), j’ai eu obligation de me soumettre à deux mesures, celle de contrôler les gens et celle de présenter un passe sanitaire dès le 31 août 2021, quinze jours donc avant les soignants.

Je n’ai évidemment pas souscrit à ces mesures. Comment l’aurais-je pu ? Renier l’essence même de mon métier ? Cracher sur mes valeurs ?

Le 31 août, mes supérieures hiérarchiques m’ont proposé oralement un arrangement prévu par la loi (elles ne m’ont pas montré le texte), qui autorisait les administrations à proposer des réaménagements de l’emploi du temps afin de sortir les rebelles de l’accueil du public. Cela n’a jamais été formalisé. On m’a aussi demandé de faire des tests pour être apte au service d’accueil et soulager les collègues de leur service public. J’ai refusé. Le seul test que j’ai jamais fait m’a été imposé par un docteur, mais à aucun moment je n’ai vu l’utilité d’aller me faire triturer le nez par facilité, surtout lorsqu’on sait que le PCR n’identifie pas le covid chez l’asymptomatique, selon les dires mêmes de son inventeur qui ne l’a pas créé pour cet usage.

Néanmoins, malgré l’ambiance souvent rendue lourde, du fait d’une collègue hostile et d’une directrice uniquement soucieuse de l’accueil rendu, sans parler du public de la médiathèque, qui considérait le passe sanitaire comme une mesure bénéfique et nécessaire, le fait d’être confinée dans des bureaux a créé un sas de sérénité qui m’a permis d’assurer mon travail. J’ai eu la chance d’avoir un poste informatique durant les 24 heures d’ouverture hebdomadaire pour faire toutes les tâches de gestion des livres de mes collègues ; des actions répétitives ou ingrates, que j’ai effectuées avec professionnalisme. J’ai pu continuer à faire des accueils de classe (pas de passe pour les enseignants et les enfants de moins de 11 ans) et même me déplacer dans des structures annexes, au contact de bénévoles (un édit du ministère de la culture n’empêche pas de faire du soutien aux équipes). J’ai aussi pu suivre des formations. Ce poste bancal m’a permis de conserver mon salaire, mais a été une longue agonie psychique où mes valeurs profondes sont rentrées en conflit avec les contraintes imposées, où mon besoin d’équité, de vérité et de justice a été piétiné par le quotidien, jusqu’au dégoût de céder ma liberté d’exercer librement mon métier pour avoir un salaire, pour appartenir à une collectivité soumise à un Etat qui écrase de lois iniques les individus et leur dignité.

L’étau s’est resserré à nouveau le 20 décembre 2021 : Joyeux Noël ! Tu te piques et tu contrôles OU tu perds ton boulot, bis repetita ! Depuis, moult faits se sont accumulés, tous plus pitoyables les uns que les autres. J’ai eu interdiction de venir travailler au 15 janvier 2022, puis j’ai été suspendue après mes congés, le 1er février.

J’ai tendu la main à la RH. J’ai tenté de comprendre pourquoi la complaisance et les arrangements avaient duré 4 mois et pas plus. Fin décembre, le ton était monté dans les administrations sur la transformation du passe sanitaire en passe vaccinal (de l’aveu de la directrice de la Culture, les politiques ne souhaitent plus transiger avec les agents qui ont le courage de dire non). La folie covidiste, qui s’est emparée de l’esprit des dirigeants, des médecins et des médias depuis près de 2 ans a atteint son paroxysme avec la déclaration du président de la République, décidé à emmerder les gens comme moi, nous traitant d’irresponsables et nous déclarant non citoyens.

Des non citoyens ? Les gens animés d’un doute légitime sur une expérimentation médicale ? Ce droit à douter relève de la législation européenne et de nombreuses lois universelles, qui garantissent à chacun le respect de ses libertés fondamentales, notamment l’exercice du consentement libre et éclairé, le droit de refuser un traitement et de ne pas être discriminé en fonction de leur état de santé.

Des irresponsables ? Des personnes qui ne peuvent plus travailler ni bénéficier de soins (j’ai essuyé plusieurs refus de soigner par des docteurs qui n’en sont plus à mes yeux), mais qui sont toujours fonctionnaires et continuent à payer des impôts pour la solidarité nationale, la sécurité et l’inconséquence de millions de moutons ? La dichotomie est de taille.

Si ces « non-citoyens » ne bénéficient plus d’aucune aide, il faudrait arrêter de les ponctionner et leur rendre les cotisations qu’ils ont versées. L’État et ses administrés iront-ils au bout de leur logique et prendront-ils leurs responsabilités haineuses ?

Sur l’éthique des lois, je disais à la Directrice des Ressources Humaines (qui sont tout sauf humaines) : « Si demain je commets une infraction pénale ou une faute disciplinaire, je suis suspendue durant 4 mois et je reçois mon salaire », d’après l’article 30 de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant sur les droits et obligations des fonctionnaires. Mais parce que j’exerce un droit fondamental, je suis aujourd’hui suspendue sans délais, sans salaire, sans droit au chômage, sans aucune aide, ni même le RSA puisque les Régions prennent des arrêtés pour ne pas le verser aux non-injectés. Je n’ai aucune solution et c’est normal ?

Aujourd’hui j’ai fait mon choix. Je demande une rupture conventionnelle auprès de ma collectivité car outre le grief d’être mise à la rue, je ne peux plus incarner le métier que j’ai exercé avec passion durant plus de 12 ans. Je ne me sens plus capable de travailler pour des personnes qui m’ont traitée avec tant d’irrespect. Je sais que l’on va me pousser à la démission ou à l’abandon de poste, car il n’y a plus d’humanité chez les responsables, juste une obéissance aveugle et l’obsession démesurée de limiter les coûts. On ne me permettra pas de partir dignement en touchant une indemnité pour mes 18 années de fonctionnariat, ni le chômage. Cela coûte cher à la collectivité, qui doit se substituer à Pôle emploi. Elle reste d’ailleurs sourde à ma demande de rencontre et de dialogue.

Motif du refus ? L’argent ! De toute façon, toute cette histoire de covid n’est qu’une question d’argent : celui des laboratoires et de leurs actionnaires, celui des conflits d’intérêt de nos dirigeants, celui des médias subventionnés par ceux qui détiennent le pouvoir et la fortune et qui s’en servent pour asservir encore un peu plus l’humanité. L’argent.

C’est le nerf de la guerre des puissants, une guerre faite au bon sens, à la bienveillance, à la dignité et à l’intelligence, avec la collaboration d’un monde médical qui a craché sur le serment d’Hippocrate, d’un pouvoir exécutif qui ne respecte ni le droit, ni la constitution, ni les lois internationales qu’il a ratifiées. Ces puissants jouent de la peur pour garder la mainmise sur des millions d’individus, qui ont oublié qu’ils ont le pouvoir et que toute cette histoire n’aurait jamais démarré si, au printemps 2020, personne n’avait accepté d’être confiné, de ne pas être soigné, puis de masquer les gens sains. Et surtout si début 2021 les gens avaient refusé d’être des cobayes !

Si à l’été 2021, au lendemain du 12 juillet, tout le monde était resté au lit, sans allumer télé, ni l’ordinateur, ni le téléphone portable, sans internet, sans travailler et sans consommer. Si on avait passé quelques jours à se parler, se réunir, partager nos émotions, épauler nos enfants, à prêter notre corps à la caresse du soleil près de la fenêtre, à rêver, à prendre du recul, à appliquer les principes de précaution issus de la sagesse, toute cette folie serait tombée en 3 jours.

Au lieu de cela, à l’horizon je vois des murs, ceux de l’ignorance, de la croyance, du conformisme, du contrôle et de la peur. « On n’a pas le choix… » Tous ces murs se dressent encore sur l’avenir.

J’aurai tellement aimé que les gens exercent leur liberté dans le pays des droits de l’Homme, qui est né des Lumières. Quel pitoyable exemple dans notre Histoire… Pour l’immense majorité, tous ces scénarii étaient impossibles.

Ne sont restés que ceux qui ne veulent pas abandonner les derniers remparts de leur dignité.

Lorsque mes enfants et petits-enfants me demanderont ce que j’ai fait pour instaurer le monde dans lequel ils vivront, je pourrai les regarder en face et dire : « J’ai fait de mon mieux, j’ai tout essayé. J’ai fait des choix car je suis libre. La liberté ne se conquiert pas, elle dort en chacun de nous et c’est être libre que de l’exercer pour faire son choix. »

Et vous, que leur direz-vous ?