Ils ont été effacés, mettons-les en lumière

Katia

Psychologue (Landes)

« Je ne voulais plus rester dans ce système de déshumanisation que j’ai vécu en institution. »

Katia a 42 ans. Elle est célibataire. Elle est suspendue depuis le 15 septembre 2021.

J’ai été doublement suspendue. Je dis doublement parce que je travaillais dans deux structures et j’ai d’abord été suspendue de la première, puis de la seconde lorsque j’ai fini d’épuiser mes congés, fin Octobre 2021. Ces deux structures sont des structures de soins gériatriques, l’une associative et l’autre privée. L’un de mes deux employeurs a accédé à ma demande de rupture conventionnelle. L’autre a refusé, je suis toujours suspendue. J’ai de la chance, je ne suis pas sans salaire, j’étais déjà inscrite et indemnisée par Pôle Emploi au préalable puisque je travaillais à temps partiel.

Lors de la première vague j’étais en gériatrie au sein d’un service d’USLD (Unité de Soins de Longue Durée). C’est un établissement de soins où les résidents sont beaucoup plus dépendants que dans un EHPAD, aussi bien d’un point de vue médical, sur le plan de la santé, que sur le plan psychique. Il y a aussi des unités de psycho-gériatrie, plus sécurisées. Dans l’ensemble une population extrêmement fragile.

Nous avons eu une résidente testée positive au Covid et ça a été le branlebas de combat. C’était une période compliquée, dès la fermeture de l’établissement, le 12 mars, où il a fallu réorganiser complètement les services. Je suis sortie de ma zone de confort de psychologue pour aller donner à manger en soutien de mes collègues soignants, voir les résidents pour maintenir le lien et appeler leur famille avec Whatsapp, enfin faire des choses que je n’avais pas l’habitude de faire, parce que les résidents étaient totalement isolés dans leur chambre. Nous avons vécu dans la peur, parce qu’on nous a fait peur dans le cadre de notre travail et au travers de tous les discours qui nous étaient tenus. Nous sommes restés fermés au moins pendant deux mois avant que les familles ne puissent revenir rendre visite à leurs proches sur rendez-vous.

Mais mis à part le cas de cette dame, testée positive et qui a très vite été prise en charge par l’hôpital, nous n’avons eu aucun autre cas et aucun décès pendant la première vague.

Par contre, on a eu énormément de décès en début d’année 2021. En fait les décès que l’on n’a pas eu en 2020, j’ai l’impression qu’on les a eus en 2021. En février et mars il y a eu une vingtaine de décès sur les 90 lits de mon service. Je me suis posée la question de l’incidence de la vaccination sur l’aggravation, pour certains très brutalement, de leur état de santé. La vaccination avait débuté fin 2020, début 2021.

Aujourd’hui, je n’ai quasiment plus aucune relation avec mes anciens collègues vaccinés au sein des établissements où je travaillais, peut-être certains ne savent même pas que je suis suspendue ou que je l’ai été avant que mon contrat soit rompu. Les liens dans ma sphère privée se sont aussi distendus et j’ai perdu certaines relations. Certains sont dans le déni, d’autres ne comprennent absolument pas mon ressenti, ni ma démarche d’avoir tenu bon au prix de perdre mon travail. Mais je suis en lien avec les personnes suspendues comme moi et j’ai noué de nouvelles relations.

J’éprouve une certaine colère vis-à-vis de la population et je leur en veux tout de même, mais je peux aussi comprendre ce déni massif de la réalité. Il y a eu une telle manipulation depuis un an et demi, ça a été tellement insidieux, progressif, ils ont créé de la confusion, ils ont créé une perte de repères, ils ont joué sur le levier de la peur. Moi-même j’ai été dans la peur pendant les deux premiers mois, avec une peur irrationnelle de contaminer tout le monde, de contaminer ma grand-mère que je voyais à travers une vitre dans l’EHPAD. Et quand je suis sortie de la peur j’ai retrouvé mes esprits et ma raison, mais je crois qu’il y a des personnes pour qui on ne pourra rien faire contre ce déni massif. Il est vain de vouloir les raisonner et d’argumenter pour leur faire voir les choses différemment.

Si j’ai refusé la vaccination Covid c’est tout d’abord parce que j’ai été à l’écoute de mon corps, qui au plus profond de moi m’a dit non, n’y va pas ! Je me suis écoutée, j’ai senti que je ne devais pas le faire.

J’ai aussi une peur des effets secondaires, qui sont de plus en plus importants, les témoignages de plus en plus nombreux. On en découvre un peu plus chaque jour. Donc je préfère préserver ma santé en ne me faisant pas vacciner, parce que je n’ai pas confiance dans le contenu du vaccin et dans les conséquences que ça peut avoir. Et on n’a aucun moyen de le savoir à moyen et à long terme, puisque nous sommes toujours en phase expérimentale.

Et puis dire non à cette vaccination c’est aussi dire non aux contraintes. J’ai décidé de ne plus faire des choses parce que je me sens contrainte de les faire, parce qu’on joue sur le levier de la culpabilisation. Et je ne voulais surtout plus rester dans ce système de déshumanisation que j’ai vécu depuis 18 mois en institution. Je ne voulais plus cautionner ce qu’on me demandait de faire en institution.

Donc c’est pour dire non à tout ça et surtout préserver ma santé.