Ils ont été effacés, mettons-les en lumière

Gwendall

Kinésithérapeute (Région Ouest)

« C'est injustifiable de se priver de soignants alors que le système de santé en manque tant. »

Gwendall a 57 ans, il est kinésithérapeute depuis 32 ans, il a 3 enfants aujourd’hui indépendants, il est marié et n’a plus le droit d’exercer cette profession depuis décembre 2021.

J’ai fait mes études de 1987 à 1990 et juste après mon diplôme je suis entré dans un centre de rééducation où j’ai exercé pendant 17 ans. C’est vraiment là que j’ai appris mon métier, une façon pointue de pratiquer la kiné dans des services très intéressants, en rhumatologie, en neurologie, etc. C’est en 2008 que j’ai décidé de m’installer en libéral, j’avais envie de mettre en pratique mes connaissances et aussi de travailler de façon un peu différente. Je prodigue des soins très individualisés, il faut du dialogue, beaucoup d’échanges, il est important d’avoir une réelle connaissance de la personne que l’on traite.

Je pratique le massage traditionnel médical en relation avec la médecine traditionnelle chinoise. J’ai aussi une formation en naturopathie et en ostéopathie. Dans ce cabinet mon projet était de permettre aux personnes de rencontrer une autre forme de santé avec des soins de grande qualité. Bien souvent ce type de soins est très onéreux et grâce à ma profession de kiné, les personnes disposant de peu de moyens pouvaient bénéficier d’une prise en charge. Tout cela a eu une grande influence sur ce qui s’est passé pour moi pendant cette crise et qui m’a conduit à la situation actuelle.

Sur le plan du narratif, un virus qui tue tout le monde, je n’y ai pas vraiment cru. Je sais que le terrain est tout, qu’il existe des moyens de lutte naturels et efficaces comme les huiles essentielles anti virales. J’ai très vite repéré les huiles qui pouvaient être utiles et je les ai appliquées.

Je travaillais énormément et quand le premier confinement est arrivé, c’était une situation bizarre, mais j’ai décidé d’en profiter, de prendre un peu de repos, un genre de respiration professionnelle. Quand j’ai repris le travail après ce confinement, j’ai tout de suite informé mes patients qu’il y avait une maladie qu’on ne connaissait pas, qu’il fallait être prudent, mais qu’on avait à disposition des moyens de se soigner, de renforcer son immunité, en travaillant avec des plantes par exemple. Je restais cependant le plus rigoureux possible et les choses ont avancé comme ça, jusqu’à la fin 2020 quand les médias se sont mis à parler d’un vaccin extraordinaire qui allait sauver la planète. J’ai compris à ce moment-là que l’heure de la vérité approchait, que le monde allait se scinder en deux, les gens qui accepteraient l’injection d’un côté et ceux qui la refuseraient de l’autre. J’avais le sentiment qu’on allait nous emmener dans un couloir obscur, sans espoir de retour.

Je suis kiné et aussi formateur et professeur de yoga, discipline que je pratique depuis mon plus jeune âge. Pour cela, j’ai déjà été confronté dans les années 90 à des diffamations, à de la discrimination pour « pratiques sectaires ». Je me suis forgé intérieurement une capacité à résister à ce genre de choses, je connais mes valeurs et je sais qu’à travers elles, ce que je défends c’est l’humanité. Et face à cette espèce de rouleau compresseur il n’y avait aucune ambiguïté, je savais où j’allais. Par contre, je ne savais pas comment ça allait se passer.

En 2021 lorsque la vaccination a commencé, j’ai dit dès le début à mes patients « faites-vous vacciner si c’est votre choix » et je discutais avec eux pour connaître leurs motivations. Ils ont su très tôt qu’il y avait fort peu de chances que je me fasse injecter, je voulais que ce soit clair entre nous. C’est un peu plus tard, au printemps que j’ai commencé à réellement prendre conscience de la dangerosité et de l’inefficacité de ce vaccin. Je me suis renseigné auprès de Réinfo-Covid, j’ai écouté, j’ai lu des témoignages et des articles scientifiques de haut niveau.

L’AMM (Association Médicale Mondiale) a inscrit dans l’article 25 de la déclaration d’Helsinki : « La participation de personnes capables de donner un consentement éclairé à une recherche médicale doit être un acte volontaire. Aucune personne capable de donner son consentement éclairé ne peut être impliquée dans une recherche sans avoir donné son consentement libre et éclairé. » Or, les produits injectés sous l’appellation de vaccin Covid-19 sont une thérapie génique expérimentale en phase d’essai clinique. Il s’agit bien d’une recherche médicale au sens de l’article précité. Et la loi du 5 août 2021 entraîne une obligation pour les personnels soignants de participer à cette recherche !

Il n’est pas question qu’on me force, je tiens à l’intégrité de ma santé et de mon corps, c’est mon être et je ne permets pas qu’on le manipule.

Plus ça allait et plus je me demandais où cette folie allait nous mener. Je partageais mes réflexions avec les patients, j’avançais mes arguments personnels sans jamais essayer de convaincre, je restais respectueux de la pensée de chacun : « voilà mon choix et voilà les raisons de mon choix. » Tous savaient que j’étais contre la politique du gouvernement sur la vaccination.

J’animais un stage de yoga quand le 12 juillet, le discours de Macron est tombé. L’obligation vaccinale pour les soignants, au début je n’y ai pas cru, ça n’était pas possible, ça ne pouvait pas se faire… je pensais que les recours devant le conseil constitutionnel allaient bloquer ces lois iniques ! Mais au fur et à mesure des événements, j’ai compris que notre vie allait basculer.

J’ai été totalement blanchi des accusations injustement portées contre moi il y a 30 ans. J’avais foi en la justice… j’ai contacté un avocat, certain qu’en déposant plainte avant le 15 septembre je pourrais continuer à travailler, au moins jusqu’à ce qu’un jugement soit prononcé. Parallèlement j’informais mes patients de la situation, il n’était pas question que je me fasse injecter, j’avais porté plainte et j’allais me battre pour pouvoir continuer d’exercer. Ils ont fait preuve d’un grand respect à mon égard, même si leur position différait de la mienne et ça c’est quelque chose qui a beaucoup compté pour moi. J’attendais beaucoup de ce jugement mais, au fil des semaines et des courriers qui s’accumulaient, j’ai senti que l’étau se resserrait. Malgré ma plainte, à la fin de l’année ma carte serait désactivée et il me serait interdit d’exercer.

Je pensais que mon affaire serait jugée d’ici à quelques semaines et comme je n’avais pas envie d’arrêter de travailler et que mes patients avaient besoin de soins, j’ai proposé de m’occuper d’eux gratuitement en attendant le jugement. A Noël je leur ai dit au revoir en leur fixant des rendez-vous pour la première semaine de janvier. J’étais parfaitement dans mon axe, j’étais dans la voie que j’avais choisie et en même temps, j’avais cette sensation d’un gouffre béant devant moi « de quoi demain sera-t-il fait ? »

Mon carnet de rendez-vous était presque plein quand j’ai recommencé les soins, mais je ne me sentais pas bien, je ne savais plus ce que je devais faire et les patients étaient mal à l’aise. C’était une situation étrange, hallucinante même, et quand j’ai appris que l’audience au tribunal avait encore été reportée, j’ai été pris d’une terrible angoisse, j’étais comme dans des sables mouvants, incapable de continuer. J’avais besoin d’un temps de calme, j’ai annulé les rendez-vous prévus et informé les patients que je les contacterai quand ça irait mieux. Ils m’ont rappelé, ils voulaient m’aider et m’ont adressé de nombreux messages de soutien.

J’ai pris quinze jours, je ne sais absolument plus ce que j’ai fait pendant ces quinze jours-là, pourtant si… je me souviens d’une chose… j’ai été convoqué à l’ordre des kinés. J’ai alors préparé cette entrevue dans ma tête en envisageant tous les scénarios possibles, j’étais très, très en colère. « Ces personnes-là elles appuient sur une touche d’ordinateur et puis elles me suppriment ! » Pour me calmer j’allais promener mon chien, j’avais envie de crier, je criais d’ailleurs par moments, c’était très violent.

J’ai demandé à un ami de m’accompagner, l’ordre des kinés a accepté à condition que mon ami se taise. Mais quand la Présidente du Conseil départemental de l’Ordre a dit : « Vous avez le choix entre la radiation ou la suspension » il n’a pas pu se retenir : « Vous appelez ça un choix ? » Selon elle, l’ordre n’était pas là pour prendre parti mais pour que je sois en règle avec l’ARS (Agence Régionale de Santé). Moi, ce que je voulais c’était surseoir à ce choix, et l’ordre a fini par accepter, jusqu’à ce qu’un jugement ait lieu. Je me trouve depuis dans un entre-deux, je suis toujours membre de l’ordre des kinés, j’ai ma carte professionnelle, mais je n’ai pas le droit de m’en servir.

Je me suis reposé, j’ai mis mes idées au clair et petit à petit j’ai recommencé à soigner, autrement. La relation thérapeutique avec les patients est très, très bonne, les soins ne leur sont plus remboursés mais ils viennent… ils sont très motivés pour se soigner, et moi je me sens à l’aise car je prends mon temps, je fais ce que j’aime et je rends service. Je peux adapter mes tarifs selon les moyens de chacun et pour ceux qui ne peuvent pas payer je fais les soins gratuitement. Je suis extrêmement reconnaissant envers toutes ces personnes qui m’ont apporté leur réconfort et aussi leur soutien matériel. Elles ont pu bénéficier de mes soins, c’est très important pour elles… et pour moi.

C’est à peu près à la même période que j’ai rejoint les collectifs de ma région, le « collectif citoyens » puis le « collectif soignants ». Je voulais œuvrer pour les autres et j’ai commencé à participer activement à tout ce qui était déjà en place et qui entrait aussi dans ma philosophie. Il est important d’essayer de construire les choses autrement parce que, depuis la fin de la seconde guerre mondiale et peut-être même avant, notre société est malade. L’individualisme, l’exploitation sans fin des ressources naturelles, la destruction des espèces vivantes et l’utilisation à tout va de la chimie qui a entraîné une dégradation de la santé, surtout chez les plus jeunes. On voit arriver aujourd’hui des générations présentant un état de maladies chroniques de plus en plus important avec notamment des problèmes de stérilité, alors que les plus anciens, qui ont hérité de bonnes conditions de vie, d’une nourriture saine et abondante (malgré les années tragiques 1939-45) bénéficient d’une grande santé avec une espérance de vie plus longue. Nous vivons un passage, un passage difficile mais peut-être que derrière tout ça il y a d’autres formes de gouvernance, d’autres formes de vie sociale. Je veux m’investir dans toutes ces choses qui me touchent et me tiennent profondément à cœur.

Depuis longtemps je pense que le « luxe », l’espèce d’abondance matérielle dans laquelle on a vécu a fait que les gens ont perdu le sens d’être ensemble, le sens du commun et les valeurs essentielles. Il suffit de si peu pour que tout se dilue et disparaisse, et alors il n’y a plus de solidarité, il ne reste que des bêtises, des paroles qui n’ont aucun sens.

Entre membres du collectif soignants on est dans une relation simple où personne n’a rien à prouver à qui que ce soit, chacun fait comme il peut, chacun est engagé. On a vraiment quelque chose en commun à défendre et tout ça se fait avec énormément de gentillesse et de bienveillance ; c’est très fort, c’est très beau et ça me réjouit de vivre ces choses-là. C’est ce qu’engendre parfois la difficulté, ce qu’on appelle un mal pour un bien. Il y a aussi un phénomène extraordinaire qui s’est produit, nous avons rencontré une grande quantité de personnes magnifiques, des gens qu’on n’aurait sans doute jamais rencontrés autrement, et on a partagé ensemble des choses incroyables.

Mais les relations familiales et amicales ont beaucoup souffert, il y a des personnes que j’aimais beaucoup et que j’ai du mal à voir aujourd’hui, à tort ou à raison d’ailleurs. Je crois qu’une des choses les plus difficiles c’est de discuter avec ces gens qui pensent que la page est tournée, qu’on va reprendre la vie d’avant et faire comme si de rien n’était.

La question qui m’est le plus souvent posée, c’est : « Combien êtes-vous ? Combien de soignants ont-ils été suspendus ? » Prétendre que nous sommes une minorité et que nous réintégrer ne changerait rien à la situation de la santé est une rhétorique infecte et perverse. C’est faux, nous sommes évidemment plusieurs milliers de femmes et d’hommes, même si le chiffre exact est et restera un mystère. C’est aussi une façon de réduire à néant ces « mauvais soignants, ces criminels, qui n’ont pas voulu se sacrifier pour protéger les autres. » Les termes « suspendu » et « interdit d’exercer » introduits dans la loi du 5 août 2021 deviennent des statuts prêts à resservir pour les désobéissants.

Nous vivons une situation précaire, de quoi sera fait 2023 ? Est-ce qu’on va réintégrer les soignants avant que d’autres enjeux économiques, énergétiques ou autres ne balaient cette question ? C’est injustifiable de se priver de soignants alors que le système de santé en manque tant.

Il va falloir être très adaptables dans les mois et les années qui viennent et continuer à se serrer les coudes.

Je crois en ce que je fais, à ce que j’enseigne, en ce que j’apporte aux autres, je le sais, je le vois, et je vais rester moi-même.