Ils ont été effacés, mettons-les en lumière

Gregory Pamart

Médecin (Nord)

« Je vais continuer à essayer de changer le monde et si je n'y arrive pas, j'essaierai quand même. »

Grégory a 33 ans, il est marié, 4 enfants. Il a exercé pendant 6 ans, 3 ans en remplacement, puis 3 ans dans son cabinet. Il a dû interrompre son activité libérale le 14 septembre 2021 au soir.

Je n’ai plus le droit de suivre mes patients au cabinet. Pour l’instant j’ai un statut de non exerçant, un peu comme les médecins retraités, donc je suis toujours médecin, inscrit au tableau de l’Ordre, mais dans l’impossibilité d’exercer ma profession.

Au départ, l’obligation vaccinale des soignants était présentée comme un moyen de protéger la population et l’usage de la force est légitime lorsqu’elle est proportionnée et lorsqu’il s’agit de protéger une population. Les choses ont beaucoup changé puisqu’on sait bien maintenant que la vaccination n’empêche pas de transmettre. On a même suspendu le Pass sanitaire. On n’est donc plus aujourd’hui dans une logique de protéger la population, mais dans une logique de punir ceux qui ne sont pas d’accord avec le système, ceux qui sortent du rang.

BLANC

Médecine et société

Au départ, on a tous subi le phénomène de sidération, on parlait de 40 % de décès et la peur des médecins était légitime. Et puis, très rapidement on a « hospitalocentré » la crise, les médecins généralistes ont été écartés, le diagnostic ne se faisait non pas sur l’étude des signes et un examen médical, mais sur un prélèvement. On a dit aux gens : « Pas la peine d’aller voir votre médecin traitant, restez chez vous et si vraiment ça ne va pas faites le 15. » Et aujourd’hui encore, certains patients malades entendent le même discours.

« Tous ensemble contre le coronavirus ». Cette formule a introduit l’idée que l’on n’est plus dans un rapport individuel face à une maladie, face à notre conception de la santé et cette petite phrase nie complètement l’individualité. Aujourd’hui, on nous propose une médecine stéréotypée, robotisée, inhumaine, qui agit uniquement par protocoles. Dans cette médecine-là, le médecin n’est qu’un agent exécutant et le patient n’a pas son mot à dire. Il n’y a pas le choix.

Aujourd’hui, un ordre social a décidé que le seul moyen de combattre cette maladie c’était de vacciner les gens et on n’y déroge pas. On nous propose une médecine systématique, qui ne s’intéresse pas à l’individu et moi, face à ça, je reste fidèle à quelque chose de plus grand, à une médecine hippocratique centrée sur la personne.

Pour donner un exemple concret si un patient a de l’hypertension on va lui proposer un médicament qui va faire baisser la tension ; ça c’est la médecine moderne de protocoles. A côté de ça il y a une autre médecine, qui cherche à savoir qui est ce patient et quelles peuvent être les causes de son état de santé, s’il est fumeur, s’il a arrêté de faire de l’exercice physique, etc. Sur la base de ce diagnostic je lui suggère des solutions, arrêter de fumer, reprendre l’exercice… et s’il refuse je respecterai son choix, mais je lui dirai que je serai toujours là s’il change d’avis. S’il suit mon conseil, il perd quelques kilos, sa tension baisse, son cœur va mieux, son diabète s’améliore, l’arthrose le gêne moins, et puis il court en extérieur, il est au soleil, il est plus heureux dans la vie.

Avec cette approche globale, centrée sur la personne, on ne va pas systématiquement proposer un traitement, mais on se sert de la plainte pour aller chercher la pleine santé de l’individu et on se rend compte que, dans cette médecine, on est beaucoup plus efficace.

Aujourd’hui, on va à l’encontre de 20 siècles de médecine. Cette médecine nouvelle cherche à nous faire changer complètement de paradigme et ces deux dernières années ont accéléré cette tendance. On ne fait plus l’étude des symptômes, la part du médecin disparaît complètement et on fait un diagnostic sur un état. Finalement, ce que l’ordre des médecins me reproche aujourd’hui c’est d’être qui je suis, de pratiquer une médecine personnalisée et non pas une médecine protocolaire de « prêt-à-porter ». Et ça c’est fondamental, parce que si on ne fait rien, demain on n’aura plus de médecins qui s’adaptent à leurs patients et ce sont 20 siècles de médecine qui disparaîtront.

Alors aujourd’hui il y a une réaction du système pour éliminer les singularités. Si quelqu’un est un petit peu en dehors du système, on lui met une étiquette, il est complotiste, antivax, il est dangereux, non pas parce qu’il pourrait contaminer les autres, mais parce qu’il risque d’aller contre ce qu’on essaye d’imposer. Il faut l’éliminer de la société.

On ne comprend pas que certains médecins puissent ne pas être d’accord avec la vaccination. En fait, je crois que le problème est né au moment où il a fallu faire quelque chose, parce que la médecine de protocoles, quand elle n’a pas de réponse, elle est en situation d’échec et quand on est en situation d’échec, on est passif et on en souffre. Or, en vérité, on n’a parfois pas de solution, mais face à un patient, si on l’a vraiment écouté, si on a accueilli sa douleur, même sans solution il se sent déjà mieux, il est soulagé. Mais quand vous êtes médecin dans une médecine robotisée qui ne comprend pas ça, vous êtes en situation d’échec, vous êtes passif et vous en souffrez.

Pendant un an on a dit aux médecins : « Vous ne pouvez rien faire pour les patients, il n’y a rien à faire contre cette maladie. » La plupart des médecins ne se sont pas rendus compte qu’ils pouvaient agir et sont devenus passifs. Ils se sont trouvés en situation d’échec face à la Covid, ils en ont beaucoup souffert et quand les vaccins sont arrivés tous ces médecins-là ont pensé qu’ils pouvaient enfin faire quelque chose, être acteurs, et donc ces médecins-là sont devenus les meilleurs ambassadeurs de la vaccination. Et pour eux, c’est trop douloureux aujourd’hui d’accepter que la vaccination ne sera pas une solution universelle, parce que ce serait revenir à l’étape où ils sont passifs et souffrants.

C’est pour ça que l’enjeu principal, en tout cas l’objectif que je me fixe aujourd’hui, c’est de participer à une prise de conscience ancrée dans un débat beaucoup plus grand qui est : « Quelle médecine voulez-vous proposer à vos patients, quelle médecine veut-on demain pour nos enfants ? Le patient sera-t-il libre de son choix ? Chaque praticien pourra-t-il agir en conscience, au mieux et avec en accord avec son patient, après l’avoir informé des conséquences possibles ? Est-ce qu’on garde la médecine noble ou est-ce qu’on va vers une médecine galvaudée, de protocoles, une médecine indifférente qui nie l’individu ? »

Mais au-delà de la médecine, ces questions posent un vrai débat de société : « Est-ce que le bien commun c’est le bien de la société entière, ou le bien de chacun et de la communauté ? » Et si on oublie que le bien commun c’est aussi le bien de chacun, on tombe dans une dérive totalitaire et on accepte d’imposer quelque chose à des personnes par la violence, on accepte le marketing social, on accepte de forcer les gens dans leur conscience et dans leur corps au nom du bien commun. C’est ce qu’on a fait depuis le début de cette crise. Au nom du bien commun on accepte de contrevenir à la dignité humaine.

Mais qui décide de ce qu’est le bien commun ? A un moment on nous a dit qu’acheter du Nutella c’était de première nécessité, mais qu’acheter des chaussures pour ses enfants ça ne l’était pas. On pouvait aller dans les grandes surfaces, mais moi qui suis chrétien pratiquant je n’avais pas le droit d’aller à l’église, alors que pour moi, la première nécessité elle est là. Je peux très bien me passer de Nutella ou ne pas aller dans un centre commercial, par contre acheter des chaussures pour mes enfants c’est important et pouvoir pratiquer mon culte, c’est personnel et non négociable. Quelqu’un d’autre aura une autre réponse, mais qui décide de ce qui est bon pour moi si ce n’est moi-même ?

BLANC

Soins – Responsabilité

Dans la médecine que je défends, même si on n’a rien à proposer au patient il y a quelque chose d’essentiel dans le fait d’accueillir. En premier lieu c’est de s’assurer qu’on n’est pas face à des complications, puis d’expliquer au patient et de dire qu’on sera là pour lui. Quand vous êtes à grelotter au fond d’un lit avec 40 de fièvre et des courbatures, c’est bien différent si on vous dit que c’est un moment naturel de la maladie et que, si toutefois il y a des complications, quelqu’un sera là, ou si on vous dit que vous êtes tout seul et vous savez que personne ne sera là pour vous, que si ça s’aggrave vous risquez d’arriver dans un état catastrophique à l’hôpital, que vous ne pourrez plus voir votre famille et que peut-être même on vous enterrera sans qu’ils aient le droit d’assister à la cérémonie.

Le problème des traitements est qu’on n’a pas réussi à distinguer ceux qui font polémique d’autres qui font parfaitement consensus. L’ivermectine, l’hydroxychloroquine, tout le monde n’est pas d’accord là-dessus, soit, mais je connais de très bons médecins qui ont soigné leurs patients sans hydroxychloroquine ni ivermectine. Chaque praticien doit pouvoir agir en conscience et, à part ces traitements-là, il y en a d’autres qui font consensus.

On connaît le risque principal de la Covid, c’est la thrombose, la phlébite et l’embolie pulmonaire et il y a un trépied très simple à mettre en œuvre :

  • Prévention des thromboses, des phlébites et donc des embolies pulmonaires. Vous ne laisseriez pas un patient grippé 5 jours immobile au fond d’un lit sans lui faire une piqûre pour éviter la phlébite ; on peut aussi le faire pour la Covid et ça marche.
  • Prévention des risques ou traitement précoce de la surinfection. Vous ne laissez pas un patient grippé avec de la fièvre pendant 5 jours sans traitement, parce que peut-être un microbe s’est rajouté à tout ça, il a une surinfection et il existe des antibiotiques qui marchent très bien. C’est aussi valable pour la Covid.
  • Prévention ou traitement précoce de la défaillance respiratoire liée à un état d’irritation généralisée du corps. Vous ne laissez pas un patient essoufflé tout seul à la maison. Non, si votre patient est essoufflé, soit c’est grave et il va à l’hôpital, soit il peut rester à la maison, mais on le traite pour soulager le travail de son cœur et de ses poumons, par oxygénothérapie à domicile et éventuellement corticothérapie.

Si, en médecine générale on proposait ces trois piliers, probablement qu’il n’y aurait plus de saturation hospitalière et donc plus de problème social.

Donc, avec ou sans ivermectine, avec ou sans hydroxychloroquine on prévient déjà énormément de complications et ça se passe bien dans la majeure partie des cas. Pourquoi n’a-t-on pas laissé les médecins faire ce qu’ils savent faire ? Le médecin généraliste a été dépossédé et on n’en est jamais revenu.

Si vous êtes médecin, vous souffrez d’être passif et dès vous avez une solution vous êtes prêt à tout pour l’accepter. Mais c’est encore bien plus difficile de réaliser qu’on pouvait faire quelque chose. Vous devez à ce moment-là admettre que vous avez eu 10, 20, 50… patients qui sont allés à l’hôpital alors que vous auriez pu l’éviter ; vous avez eu 2, 3, 10… patients qui sont décédés de la Covid, alors que peut-être vous auriez pu agir. Cette responsabilité-là est accablante et franchement, s’il y a aujourd’hui des médecins qui arrivent à en prendre conscience malgré cet accablement, je comprends que ça soit très, très difficile et je suis extrêmement admiratif à leur égard.

Le sens des responsabilités, c’est fondamental. Pendant toutes mes études médicales, chaque fois qu’on a traité le sens des responsabilités c’était négativement. Quand on dit à un étudiant en médecine « Attention vous êtes responsable », ça sous-entend qu’il pourrait avoir des problèmes. Pour moi, être responsable, c’est la plus belle chose qui puisse vous arriver, c’est le patient qui vous fait confiance et on est responsable de cette confiance, on doit faire au mieux pour notre patient.

Mais pour beaucoup, et c’est ce qu’on nous enseigne, être responsable c’est risquer d’avoir des ennuis. Donc, pour ne pas engager notre responsabilité, on se protège au maximum et le meilleur moyen c’est d’appliquer le protocole. Au moins on n’est pas personnellement responsable, on a simplement fait ce qu’on nous a demandé de faire. On s’enferme dans le langage bureaucratique et pour un médecin aujourd’hui, c’est beaucoup plus facile de faire ce qu’on lui dit de faire, il sera bien plus tranquille, sauf peut-être face à sa conscience. Parce qu’en fait la responsabilité est beaucoup plus grande que ça, elle se mesure à l’engagement qu’on a pris de soigner les gens.

Mais pour dégager sa responsabilité, il n’y a pas que ce que les autorités politiques et le législateur nous ont imposés, il y a aussi les excès de zèle à tous les niveaux. Chacun y va de son petit excès de zèle, pas forcément pour rendre l’autre plus malheureux, mais surtout pour ne pas qu’on l’accuse d’avoir manqué.

Moi, je n’ai pas suivi ce qu’on me dictait de faire, j’ai dû faire ce que me dictait ma conscience et j’ai des ennuis pour ça. L’ordre des médecins me reproche de ne pas avoir appliqué totalement le protocole en vigueur édicté par les sociétés savantes et les laboratoires.

BLANC

Servir

Je suis allé jusqu’au bout de mes convictions et si je n’ai ni menti, ni triché, c’est parce que je dois défendre le droit des patients, parce que je ne peux pas pratiquer une médecine qui force l’individu. On est arrivé dans une dérive terrible de la médecine où le patient n’est même plus maître de sa santé, puisqu’on lui fait violence dans sa décision. A partir du moment où on exerce une contrainte, ce n’est plus un consentement libre et éclairé. C’est une des raisons pour lesquelles je suis parti.

Je n’ai pas à expliquer pourquoi j’ai décidé de ne pas me faire vacciner, c’est une décision personnelle. Et même si on était face à un vaccin totalement éprouvé, je devrais avoir le choix de dire : « Moi, ce n’est pas comme ça que je prends soin de ma santé. Une maladie c’est quelque chose de naturel et pour lutter contre elle j’utilise des moyens naturels. Pour moi, le meilleur remède c’est d’avoir une hygiène de vie saine. C’est le choix que je fais, je peux très bien avoir tort, mais c’est mon choix. »

Et qui a le droit de vous dire que vous ne pouvez pas faire ça ? Personne, sauf si vous mettez en danger les autres et donc le point d’achoppement est là, est-ce qu’on met en danger les autres ? On sait très bien que non, puisque sur ce plan il n’y a pas de différence entre vaccinés et non vaccinés.

Mais il y a tant d’incohérences et de scandales. On peut citer la loi du 5 août 2021, adoptée au Parlement sur la base d’une modélisation mathématique de l’Institut Pasteur, qui a été rétractée ensuite, et pourtant ça n’a rien changé à la loi. On vous dit qu’il ne faut pas donner d’ivermectine par principe de précaution, mais pour les vaccins le même principe de précaution ne s’applique pas. Les vaccins ont été autorisés sous AMM conditionnelle, sur la base d’un taux d’efficacité déclaré de 95 %, et aujourd’hui on sait que c’est loin d’être le cas. On devrait donc remettre en cause l’AMM, mais on ne le fait pas. Et tellement d’autres exemples encore !

à présent j’ai pris le temps de me poser des questions sur mon activité professionnelle, de savoir ce que j’aime dans la médecine, dans ce que je fais. J’ai pris du temps pour cultiver mon jardin, au sens propre comme au figuré. J’aimerais pouvoir pratiquer mon métier, c’est difficile pour moi de ne pas pouvoir le faire, mais au-delà d’être médecin, ma vocation première c’est de servir en fait. Ma vocation c’est mon esprit de service et on peut servir de bien des façons. La plus grande douleur aujourd’hui, pour les soignants, c’est de se sentir inutile.

Je veux me mettre au service, je ne sais pas exactement comment. Je commence par témoigner, je continue de me cultiver, d’essayer de me grandir.

On fait beaucoup de très belles rencontres aujourd’hui. Je suis serein face à cette injustice qui frappe les soignants, j’aimerais pouvoir continuer à défendre l’idée que j’ai de la médecine, mais si je ne peux pas, ça ne va pas me paralyser, ça ne va pas me rendre malheureux. On n’a pas réussi à cacher mon sourire tant que je travaillais, on n’arrivera pas à l’effacer, même si je suis suspendu.

Je vais continuer à essayer de changer le monde et si je n’y arrive pas, j’essaierai quand même.

Pour consulter la lettre du Dr. Pamart adressée à sa patientèle Cliquez ici.