Ils ont été effacés, mettons-les en lumière

Cynthia

Infirmière puéricultrice (Val-de-Marne)

« Je pense vraiment que ce qui guide le monde, c’est la peur. »

Cynthia a 28 ans, elle est mariée, sans enfant. Elle travaillait en tant qu’infirmière puéricultrice depuis 2017 dans un centre de Protection Maternelle et Infantile dans le public (PMI). Un PMI est un centre qui accueille des futures mamans et des enfants de 0 à 6 ans. Elle est suspendue depuis le 18 octobre 2021.

Je suis suspendue, cela signifie que je suis en activité, sans être en activité… Cela veut dire que l’on ne peut pas nous embaucher, car on a un contrat avec notre employeur. Cela veut dire : Pas de salaire, pas de bulletin de paie, on liquide tous nos congés payés, on est au point mort. Je ne peux pas m’inscrire à Pôle Emploi, je n’ai pas droit au RSA non plus. Administrativement, je n’existe pas.

On n’a RIEN. On est mis de côté. On n’existe plus. On ne sait pas quoi faire des suspendus, on ne sait pas quoi faire de nous.

Dans le territoire, je suis la seule suspendue. Mes collègues ont réussi à obtenir des arrêts maladies plus longs que moi car mon médecin traitant a déclaré mon choix « d’idiot ». Il a donc fallu que j’aille quémander des arrêts auprès d’autres médecins. C’est comme si j’étais fautive, alors que non. Et puis j’ai fini par décider de ne plus accepter cette situation.

Avec quelques collègues, nous essayons de nous rencontrer régulièrement pour nous soutenir mutuellement. Mon souci à l’heure actuelle est de savoir quoi faire. Je ne suis pas dans un projet de reconversion, mais plutôt dans la création d’une structure indépendante pour exercer mon métier, comme un centre de parentalité. Etant donné que je ne peux plus exercer en tant qu’infirmière, je suis des formations pour être consultante en puériculture.

Je ne veux pas me faire vacciner parce que je veux savoir ce qu’il va se passer dans mon corps et il faut un consentement éclairé. Aujourd’hui, ce n’est pas le cas, car c’est une expérimentation jusqu’en 2023, avant d’obtenir la validation. De surcroît, j’entends beaucoup de personnes témoigner sur les effets secondaires, y compris de la part de médecins qui ne sont pas présents sur les plateaux de télévision. J’obtiens des informations par le biais d’autres canaux, comme « Réinfo Covid ». Ma décision était donc prise depuis le début, je ne voulais pas me faire vacciner.

Du jour au lendemain, on nous a remercié. Du jour au lendemain on m’a dit : « Vous ne pouvez pas vous rendre à votre travail ». Cette décision de me suspendre a été très brutale. Même en 2020 je me suis rendue à mon travail et à cette époque des regroupements de PMI avaient eu lieu ; plusieurs PMI notamment étaient venus se joindre à mon centre et on travaillait non-stop, en se demandant quand cela allait se calmer.

Le plus dur est de se dire qu’il n’y a même pas eu de résistance de la part du département. Faisant partie de la collectivité territoriale, il n’y a pas eu de soutien. On nous a fait comprendre qu’il serait de bon ton de se mettre en arrêt maladie.

Je me sens comme une pestiférée, une lépreuse. Le fait même de nous voir physiquement n’est pas toléré ! Même les syndicats étaient et sont toujours absents.

J’ai beaucoup de chance car mon entourage proche me soutient et a la même vision que moi. Mes parents sont en Martinique. Ce soutien me fait tenir. En revanche, dans ma famille un peu plus éloignée je ne dis pas que j’ai l’adhésion de tout le monde, mais il y a du respect et je n’attends pas non plus qu’ils valident mon choix, car chacun fait en fonction de ses convictions et de son environnement.  Il y a même quelqu’un qui m’a demandé si j’étais certaine de mon choix, car selon lui on ne peut pas être plus fort que l’Etat.

Certains de mes collègues soignants n’étaient pas vaccinés jusqu’au 12 juillet 2021 et après ils se sont fait injecter en me disant : « On n’avait pas le choix ». J’en veux aux soignants car l’ensemble du corps médical a un certain pouvoir et nous, tous les soignants, pour certains d’entre nous, nous nous sommes laissé mener par la peur. Je pense vraiment que ce qui guide le monde, c’est la peur.

J’ai envie de dire aux gens qu’il faut se réveiller. Nous avons un impact ensemble. Il ne faut pas se laisser dicter notre vie. Il ne faut pas laisser les gens dire ce qui est bon pour soi. Nous devons pouvoir évaluer notre santé par nous-mêmes. N’ingurgitons pas tout ce qu’on nous dit ! Nous sommes puissants, ensemble, nous pouvons avancer, passer outre. La santé, ce n’est pas simplement avoir peur de la mort. Car finalement, on peut mourir de tout.

J’ai envie de dire au monde entier, « Ne vous laissez pas submerger par la peur », car la peur inhibe l’intelligence, et nous sommes tous dotés d’une intelligence, donc nous sommes tous capables de savoir ce qui est bon pour nous. Nous avons chacun notre propre liberté, notre propre choix et il faut le respecter. Ne restons pas tétanisés par le Covid.