Ils ont été effacés, mettons-les en lumière

Corinne

Médecin généraliste (Gironde)

« Mon ressenti, c’est la peur, mais c’est surtout pour mes enfants et petits-enfants. »

Corinne a 59 ans, elle est séparée et mère de 3 enfants. Médecin généraliste en libéral depuis 30 ans, elle a été interdite d’exercer au 15 septembre 2021.

Pour la première vague, j’étais plutôt satisfaite de la gestion de la crise, j’étais comme tout le monde, je me demandais un peu ce qui nous tombait dessus, et le fait d’être confinés, protégés était plutôt satisfaisant pour moi. Donc j’ai fait de même au travail, j’ai demandé à ce qu’on porte le masque, j’ai pris les mesures qu’on a l’habitude de prendre pour protéger des patients.

Ma vision a évolué, principalement à cause du vaccin, enfin ce qu’on appelle le vaccin, puisque j’ai appris depuis 30 ans le principe de précaution qu’on applique pour les enfants, les femmes enceintes… Les produits nouveaux, d’abord on les teste sur un petit pourcentage de personnes, qu’on surveille attentivement et là ce n’est pas du tout ce qu’il s’est passé. Donc au travail j’ai commencé à dire : « Mais on va peut-être attendre un petit peu de voir ce que ça donne, laisser les volontaires choisir de se faire vacciner s’ils le veulent, en leur âme et conscience. »

Moi j’ai également vacciné à mon travail en donnant les informations aux personnes et en les laissant libres de leur choix. Sur 10 personnes à qui on proposait la vaccination, il y en a 3 qui avaient déjà leur idée à l’avance, qui ont accepté la vaccination. Et par la suite c’est devenu un petit peu irréaliste, très anxiogène, une perte de sens. Moi je ne peux plus travailler parce que je ne me suis pas faite vacciner, entre guillemets, mais ce n’est pas non plus mon désir de travailler dans des conditions pareilles, parce que j’ai peur qu’on me demande de faire des choses que je ne veux pas faire. J’ai peur qu’on m’oblige à vacciner des gens et que ça tue des personnes, puisqu’il y a des morts de ce vaccin. Je ne peux pas travailler dans ces conditions, c’est trop anxiogène pour moi. J’ai dû vacciner des personnes, j’ai mis des semaines à m’en remettre parce que j’avais peur qu’ils meurent. Je ne vois pas comment on peut travailler dans des conditions comme ça. Moi je n’accepte pas. Je ne sais pas comment font mes confrères, je me pose beaucoup de questions. Je me sentirais complice de maltraitance et vraiment ça me conduirait à la dépression très rapidement.

J’ai peur de la tournure des choses sur le plan de la santé. On réduit des lits de façon scandaleuse et les conséquences, c’est qu’on ne peut plus hospitaliser facilement les patients. Ce que je voudrais, c’est qu’on laisse le médecin, qui a fait 10 ans d’études, faire son travail. Je pense que la très grande majorité des médecins font leur travail en leur âme et conscience, je pense qu’il y a peu de médecins qui font ça pour l’argent, je n’y crois pas. Je ne pense pas que ça soit à des politiciens de dire aux médecins ce qu’ils doivent faire. Je ne peux pas faire mon travail dans ces conditions-là, donc je préfère faire n’importe quel autre métier plutôt que d’obéir à des ordres de personnes qui n’y connaissent rien. J’ai appris la médecine avec mes pairs, ce sont des gens que je considère, donc je vais suivre les recommandations de mes pairs et pas des politiques.

Je suis très, très, très choquée de la tournure des choses. Je trouve que c’est trop facile de manipuler une population et surtout de la rendre haineuse, violente. Je n’arrive pas à comprendre ça, donc ma solution c’est de rester enfermée chez moi parce que les gens me font peur. J’ai peur de cette société. Donc voilà, si on confine les non-vaccinés ça ne changera rien à ma vie. Mon ressenti, c’est la peur. Moi j’ai fait ma vie, donc ce n’est pas très grave, mais c’est surtout pour mes enfants et petits-enfants. Je suis très, très, très inquiète pour eux.

J’ai tendance à penser qu’on voit ce qu’on ne voyait pas avant, parce que ça fait déjà une quinzaine d’années que les choses prennent une mauvaise tournure sur le plan de la politique sanitaire. Avant je ressentais un mal-être indéfinissable et là c’est comme si la lumière s’était faite sur l’ombre.

Je ne sais pas ce que je vais faire maintenant. C’est difficile d’avoir un projet à 60 ans. Reprendre des études, ça nécessite 2 années de formation. J’aurai 62 ans, il faudra que je m’installe, que je me fasse une clientèle, mais je vais quand même faire une formation parce qu’en médecine, il y a des choses qu’on ne nous apprend pas. Donc je vais profiter de ce temps pour apprendre des choses qui me seront utiles si par bonheur je peux de nouveau être médecin. Voilà, je ne vais plus pouvoir être médecin, ça fait un peu bizarre de le dire comme ça, et je ne vais plus du tout avoir le même train de vie. Moi je suis capable d’accepter un boulot avec un petit revenu pour garder mes valeurs, mais c’est vrai que j’ai dû vendre ma maison. J’ai signé hier pour la vente de ma maison, ça fait mal au cœur, ça faisait 17 ans que j’étais dans cette maison… mais c’est pas grave, c’est pas grave… L’essentiel c’est ma santé, mes valeurs, le respect de moi-même, le respect des autres, la solidarité. Tant pis pour la maison, tant pis pour la paye, c’est pas grave.

Je refuse le vaccin d’abord parce que j’ai peur que ça me tue ou que ça me rende malade pour le restant de mes jours. Ma maman est décédée d’un cancer, j’ai assisté à sa lente agonie, donc je sais ce que c’est. Si le vaccin me rend malade, je devrais l’assumer toute seule parce que je ne vais pas embêter mes enfants avec ça.

La deuxième raison c’est que je souhaite continuer à raisonner comme je raisonne depuis 30 ans. Je souhaite garder mon libre arbitre, un raisonnement issu de mes connaissances et de mon expérience.

J’ajouterai aussi une raison qui me tient beaucoup à cœur, c’est de protéger mon petit-fils, parce qu’on a vacciné les enfants à partir de 12 ans. Si ça continue comme ça, c’est mon petit-fils qui va être vacciné et là j’ai très, très, très, très, très peur pour lui. Il est déjà traumatisé par cette crise, c’est un enfant sensible, il est traumatisé par ce qu’il se passe à l’école, par ce qu’il entend autour de lui… Donc pour moi résister c’est aussi protéger mon petit-fils.

Alors il y a quand même des jolies choses parmi ce désastre, c’est la solidarité. Entre soignants non vaccinés on s’est regroupés. Dans un premier temps c’était pour partager des informations et les transmettre à la population. Ensemble on a trouvé du soutien, de la solidarité et ça a donné de très, très, très belles choses. L’humanité c’est ce qu’il faut sauvegarder, protéger, défendre dans cette crise, plus que le vaccin.