Ils ont été effacés, mettons-les en lumière

Carline

Conseillère conjugale et familiale (Essonne)

« C’est compliqué de penser sa vie sans pouvoir se projeter dans l’avenir, mais c’est peut-être aussi ça ma part de liberté. »

Carline a 50 ans, elle vit en couple, elle a deux enfants adultes (21 et 26 ans). Exerçant dans une collectivité de la fonction publique depuis une dizaine d’années, elle travaille en centre de planification avec des soignants depuis 2 ans. Elle est en arrêt maladie.

J’ai vécu le départ de la crise avec beaucoup de sidération et j’ai été mise en arrêt de travail. Puis petit à petit la sidération a laissé place à la réflexion, sur ce qui était peut-être en train de se jouer ou pas, et comment me positionner là-dedans. Pendant le premier confinement j’ai donc complétement arrêté de travailler. Par contre pendant le deuxième confinement j’ai continué de travailler et c’est ça que je n’ai pas bien compris, car on m’a sollicitée pour le travail alors que j’étais en arrêt, puis en septembre 2021 on n’avait plus besoin de moi.

Comme conseillère conjugale et familiale aux côtés de soignants, le sujet de la vaccination s’est très vite imposé à moi. Ce qui a été difficile c’est de devoir faire le tri des gens que je recevais, parce qu’au centre de planification on reçoit tout le monde, des hommes, des femmes, certains qui ne sont pas déterminés, des gens qui ont le VIH et probablement qui ont le covid, d’autres qui ne l’ont pas… Je n’avais pas envie de faire le tri des personnes et aussi professionnellement ça remettait en question énormément de valeurs parce que je travaille beaucoup sur la liberté individuelle. Je fais aussi des entretiens sur la vie relationnelle, affective et sexuelle au collège, sur ce que les jeunes sentent, sur ce que leur corps leur dit, sur l’importance d’être authentique avec soi… Et du coup, pour commencer, c’était important d’être authentique avec moi-même.

Au travail ça se passait bien. Je suis avec des collègues qui acceptaient tout en fait, la vaccination, pas de vaccination, ça ne remettait pas en cause le travail. On était toutes et tous assez tolérants à l’égard des uns et des autres sur le fait que chacun faisait ses choix, sauf que ce ne sont pas les collègues qui décident, c’est le patron. Et le patron ce n’est pas comme ça qu’il voyait les choses. Le patron ce n’est pas le médecin-chef, c’est son supérieur hiérarchique, le directeur de service qui est dans les bureaux. Il y a vraiment un écart entre travailler dans les bureaux et travailler sur le terrain, avec les gens. Penser le travail d’en haut c’est très politique, c’est faire rentrer des gens dans des cases. Sur le terrain ce n’est pas ça du tout, c’est s’adapter, c’est écouter… On ne fait pas entrer les gens dans des cases, ce n’est pas possible, à commencer par moi d’ailleurs…

J’ai essayé de négocier avec le patron pour pouvoir faire des entretiens, non pas sur mon lieu de travail mais en les délocalisant. Il n’a rien voulu savoir sous prétexte que s’il trouvait un arrangement pour moi il fallait en trouver un pour tous. J’ai demandé « Pourquoi on ne trouverait pas un arrangement pour les autres ? » mais il n’a rien répondu à ça.

Je prends conscience que le problème sanitaire a bien plus d’ampleur que le seul aspect sanitaire, qu’il est bien plus important que ça, en tous cas qu’il impacte beaucoup plus de choses que ce qu’on veut nous faire entendre.

Au départ j’étais très en colère par rapport à la réaction des gens, j’essayais de leur expliquer que la vision qu’ils avaient des choses était erronée, mais parce que je voulais restée connectée à ce monde-là. Mais aujourd’hui je l’accepte et je me sens en décalage avec le monde qu’on nous propose, qui pour moi est une irréalité. J’ai l’impression que c’est un show théâtral dans lequel on essaie de nous faire entrer, mais ce n’est pas le mien et aujourd’hui je me cale sur mon ressenti, sur ce qui part de moi et non plus ce qui vient des autres, de l’extérieur. Je me sens de plus en plus en décalage avec la réalité du monde et bizarrement je me sens de mieux en mieux.

J’ai la chance d’être bien entourée, parce que mon mari a le même point de vue que moi, qu’il me soutient dans ce que j’essaie de mettre en place, et je suis aussi très encouragée par mes enfants ; j’ai cette force-là, ça m’aide beaucoup et je me rends compte que ce n’est pas le cas de tout le monde.

C’est compliqué en fait d’être soi en société, par exemple de tenter de ne pas porter le masque, parce que je suis rattrapée par des gens qui ne savent pas, qui croient bien faire mais parfois c’est violent de se confronter à leur réalité, à la réalité de ce monde-là. Je le vis comme un harcèlement, à vouloir me remettre dans le monde où il faudrait être, par des mots, par des attitudes. Je suis restée en lien avec le médecin avec lequel je travaille mais je l’appelle de moins en moins, parce qu’elle pense que cette vaccination est une bonne chose et qu’elle essaie de me ramener à la réalité du monde, enfin de son monde, sans pouvoir accepter que ce n’est pas le mien, que je vis autre chose, que je suis autre chose et que je n’y renoncerai pas.

La piqûre, avant de la refuser j’avais plutôt réfléchi à la faire, pour me faciliter la tâche, pour continuer à travailler, mais ce n’est pas ma vérité, il faut que je me regarde en face et ça ne va pas régler mon problème dans la vérité que je me dois. Je me serais fait vacciner si c’était une réalité médicale, mais je pense que c’est simplement une réalité capitaliste, que c’est un mensonge. Ce vaccin, je ne demanderais qu’à y croire, mais jusqu’ici je n’ai trouvé aucun argument qui me permettait de penser que ça allait apporter du confort à mon corps et que ça allait me soigner. En tout cas il n’y a aucun intérêt médical à tout ça.

Ce vaccin a des effets indésirables, mais le virus aussi. J’ai attrapé le covid au premier confinement, le 16 mars 2020, et ça a été fort, très fort. Il est dur ce virus, j’ai eu l’impression de me battre avec une bête sauvage… J’ai demandé à mon médecin de me prescrire de l’hydroxychloroquine, il n’a pas voulu et on était vraiment beaucoup trop en amont dans la crise sanitaire, je n’avais pas de ressources pour me le faire prescrire autrement. Ce traitement, je l’aurais bien tenté, mais je ne veux pas de ce vaccin, je n’y crois pas. Je sens qu’il me manque un morceau de la vérité, qu’on est en train de se foutre de moi.

J’ai beaucoup écouté le professeur Raoult et cet homme m’a bien plus convaincu que tout un tas de médecins à propos de la vaccination. Les médecins qui suivent la doxa disent que c’est un charlatan. Peut-être, chacun ses croyances après tout ! Et c’est ça le drame, pourquoi il n’y aurait pas de place pour toutes ces croyances justement ? Tu payes cher, très cher le fait d’avoir d’autres croyances que la majorité du monde, tu payes cher en termes de liberté, c’est ça qui est terrible.

C’est compliqué de penser sa vie là-dedans, sans trop savoir, sans pouvoir se projeter dans l’avenir, en acceptant de ne pas avoir de prise sur le quotidien, mais en même temps c’est peut-être aussi ça ma part de liberté. Je me rapproche de moi, j’y trouve de la force, donc quelque part c’était peut-être aussi mon chemin de vie.

Je me suis rapprochée d’un collectif pour me sentir moins seule et réfléchir plus collectivement aux choses et finalement je pense à m’installer en libéral, parce que j’ai ça en moi depuis longtemps et j’ai envie de continuer à œuvrer pour les autres. En tout cas la crise sanitaire n’a pas abimé ça, au contraire, j’ai encore plus envie de le faire et je crois que ce n’est pas ça qui va m’arrêter.

Témoignage recueilli en mars 2022