Aïcha
Agent hospitalier (Vosges)
« Je me battrai pour notre avenir, je ne serai pas un mouton, j’ai un esprit critique et je veux le garder. »
Aïcha a 57 ans. Divorcée, elle a 2 enfants et 6 petits-enfants. Elle travaille en centre hospitalier depuis 1996 et elle est suspendue depuis le 15 septembre 2021.
Je travaillais aux Soins de Suite Polyvalents à l’hôpital. En mars 2020, j’étais très angoissée, car on ne connaissait pas le virus. J’allais au boulot la boule au ventre, avec beaucoup d’angoisses et de peurs : « Est-ce qu’on va s’en sortir si on l’attrape, quelles conséquences après ? » Beaucoup de questions sans réponse, on était dans l’inconnu. C’est comme si on partait en guerre sans connaître l’ennemi. Mais fallait y aller !
On allait travailler sans matériel, les masques nous étaient donnés à petite dose, un masque chirurgical pour 3h, soit deux/jour. Il fallait se changer à chaque chambre, beaucoup de manipulations, rien de pratique, dix minutes pour déballer le matériel (blouse, manchette…) et donc une perte de temps.
À la première vague j’ai eu des nausées, des diarrhées, des douleurs au cœur, mais je ne pensais pas que c’était le Covid. J’étais toute seule chez moi. J’avais peur qu’il m’arrive quelque chose, de mourir seule, sans revoir mes proches. Les symptômes sont passés, puis quelques jours après j’ai perdu le goût et l’odorat, mais pas de symptômes graves. Je suis allée travailler.
Un an après, voyant que tout le monde avait le Covid et que je n’avais rien, j’ai fait une sérologie, qui a révélé un nombre élevé d’anticorps.
Pour nous vacciner, la direction nous appelait, on nous harcelait pour savoir quand on allait le faire. La cadre aussi nous poussait à la vaccination. Je recevais des messages sur mon répondeur. J’ai envoyé le justificatif de mes anticorps, mais on m’a répondu que ce n’était pas pérenne, qu’il fallait quand même une injection. J’ai refusé catégoriquement la vaccination, donc suspension !
L’obligation vaccinale pour le personnel hospitalier, c’est un viol pour moi. Ne pas respecter notre droit au consentement éclairé, ne pas être écouté, c’est du chantage. Je n’ai aucune confiance, il n’y a rien de sanitaire, comment peut-on faire du chantage ? Vous ne faites pas votre vaccin, suspension !
Ce qui m’a fait tilt c’est que les primo vaccinés de décembre 2020/début 2021 sont revenus avec le Covid. Je me suis dit : « Ce n’est pas bon, ça ne protège pas, il est à titre expérimental. C’est un vaccin sorti trop tôt, nous n’avons pas de recul. » J’ai des pathologies, je n’avais pas confiance. Si le vaccin nous protégeait, pourquoi les gestes barrière, pourquoi le masque ? On l’attrape et on le transmet, ce n’est pas un vaccin ! Avec les autres vaccins, pas besoin de gestes barrières, on est immunisé.
J’ai une collègue qui a fait une thrombose, une autre un kyste au sein, des absences de règles. Je connais quelqu’un qui a fait une embolie pulmonaire après la 3ème dose. Trois semaines après il a eu le Covid, des complications, réanimation, embolie pulmonaire et décès.
Mes collègues de travail n’arrivent pas à comprendre : « Tu vas perdre ton travail, comment tu vas faire ? » Je réponds : « J’assume ma décision, je ne peux pas me faire injecter quelque chose qui vient de sortir. On ne sait pas ce que ça va donner ». Je ne voulais pas parler de la vaccination avec mes voisins par exemple, pour ne pas que ça fasse des embrouilles autour de moi. Mais dans ma famille, ils m’ont soutenue.
Nous priver de salaire, c’est comme une punition : « Tu n’as pas voulu te vacciner ? Tiens, tu n’auras plus ton salaire ! ». On n’a pas obéi, on ne s’est pas conformé à leurs exigences : sanction, punition ! On t’injecte de force, sinon on te touche au portefeuille.
C’est mon corps, c’est mon choix, j’ai le droit de décider. Si on nous force, notre corps ne nous appartient plus. On nous a enlevé un peu de nos libertés et en plus on veut prendre notre corps ? Pour moi, ce n’est pas de la médecine. Je me battrai pour notre avenir, je ne serai pas un mouton, j’ai un esprit critique et je veux le garder.
Ce qui m’a choquée, c’est le manque de solidarité et d’union entre nous, à la différence de ce qu’il s’est passé en Guadeloupe par exemple. Le manque d’union m’a touchée.
Je n’ai pas le droit au chômage, j’ai trouvé un autre emploi, dans un autre domaine pour sortir la tête de l’eau. À l’heure actuelle, je n’arrive plus à me projeter, je suis toute seule, j’ai un crédit. C’est dur, car la page n’est pas tournée, notre sort n’est pas statué, nous sommes inexistantes. J’avais plein de projets, tout est tombé à l’eau.
J’espère être réintégrée.