Ils ont été effacés, mettons-les en lumière

Valérie

Sage-femme (Haute-Garonne)

« Lors de l’annonce du 12 juillet, j’ai eu l’impression d’être sous un rouleau compresseur. »

Valérie, 58 ans, mariée, deux enfants, exerce en libéral depuis 32 ans. Elle a pu rester en activité grâce à un certificat de rétablissement, mais elle devra s’arrêter en mars 2022.

J’ai d’abord travaillé en remplacement dans différents établissements, dont deux ans à l’hôpital de Toulouse, où je devais être recrutée. Des inspecteurs parisiens sont intervenus et ont mis un terme immédiat à trois contrats temporaires, dont le mien. Du jour au lendemain je me suis retrouvée sans emploi et j’ai ressenti beaucoup de colère contre le système. J’ai cherché d’autres contrats et je suis partie travailler un an en Martinique. J’ai découvert que les femmes y accouchaient le plus physiologiquement possible, en raison des coûts de l’anesthésie, la péridurale n’étant pas remboursée en Martinique. Ce fut l’occasion pour moi d’apprendre l’accouchement sans anesthésie. J’ai aussi rencontré un homme sage-femme libéral et j’ai trouvé ça formidable. A mon retour en métropole, je me suis installée en libéral.

En 2020, nous ne nous sommes jamais arrêtées, nous avions des autorisations de travail dans la mesure où nous devions prendre en charge les urgences. Toutes les personnes que l’hôpital ne pouvait pas recevoir étaient orientées vers les libéraux. On nous a demandé d’annuler tous nos rendez-vous non prioritaires ou non essentiels. Nous avons été inondés d’informations, de la DGS, du conseil de l’ordre… ça partait à vau-l’eau. Je me suis organisée avec ma collègue pour ne pas travailler en même temps et ne garder que les consultations de grossesse. J’ai essayé de faire le moins possible de consultations en visio, je voulais voir les femmes enceintes, je trouve que c’est important, mais pour la préparation à la naissance on nous a demandé de faire des visio de groupes. Les conditions n’étaient pas idéales, il y a des choses qui ne passent pas en viso, dans le côté humain, dans l’échange, les femmes n’osent pas parler, elles ont toujours l’esprit ailleurs. Ça a été très compliqué pour moi et dès que j’ai pu je suis revenue en présentiel.

Il y a eu beaucoup de souffrance, beaucoup de femmes ont dit avoir eu l’impression d’être abandonnées par les médecins, les hôpitaux ne voulaient pas les recevoir, leurs consultations ont été suspendues. On nous demandait d’aller à domicile, de ne pas toucher les portes, de faire très attention, de toucher le moins de matériel possible et d’arriver en cosmonaute. J’ai joué le jeu, je respectais les règles d’hygiène, je m’asseyais là où l’on me l’indiquait, je me lavais les mains en arrivant et en repartant… Ça a été le vécu au début, mais je n’avais pas vraiment peur de l’infection. C’est davantage l’entourage qui a eu très très peur, ce qui a un peu compliqué les relations avec eux. Je me suis demandée où on allait et très vite j’ai vu que c’était inhumain, parce que les femmes avaient déjà vécu des choses difficiles, comme l’effort expulsif avec un masque pendant l’accouchement.

L’incohérence de tout ce qu’il se passait, les traitements précoces ignorés, tout cela ne m’a pas fait adhérer au discours. Le fait que des médecins soient interdits d’exercer, cela m’a mise hors de moi, j’ai trouvé ça inadmissible. Ma fille est médecin, l’autre est sage-femme. Pour moi, ce métier, c’est un métier où l’on doit faire confiance. Qu’on mette des masques aux enfants… C’était évident que je ne pouvais que me positionner face à quelque chose qui ne me convenait pas. Sans être foncièrement opposée, j’avais envie de comprendre. Très vite je suis entrée dans le collectif RéinfoCovid. Louis Fouché est l’un des premiers que j’ai trouvé passionnant à écouter et certainement très scientifique, avec des arguments qui me permettaient de pouvoir le suivre. Il y avait d’autres scientifiques aussi, comme Raoult, au-delà de ce qu’il est, que j’ai trouvé intéressant à écouter. A partir de là je suis allée chercher d’autres informations, puis d’autres encore et je me suis « non, ce discours-là ne me correspond pas, il ne correspond pas à ma personnalité ». J’avais plutôt envie de faire confiance à autre chose.

Dans une politique de santé je ne comprends pas pourquoi on n’est pas aussi dans la prévention, et ce discours de la prévention manquait. Nous, en tant que sage-femmes, nous sommes là pour maintenir la physiologie, c’est-à-dire maintenir les femmes enceintes dans la confiance de leur corps, de leurs défenses immunitaires. Ensuite, quand on a un doute, on ne fait pas. Le « primum non nocere » ça vaut pour tout le monde, et encore plus pour un bébé en devenir ! On se rappelle les histoires de la Dépakine, ou d’autres traitements qui entrainaient des malformations utérines, qu’on a retrouvées sur deux ou trois générations… je travaille beaucoup en compléments alimentaires, en phytothérapie, en épigénétique. J’ai fait mon mémoire en acupuncture sur l’épigénétique. Et là, d’un seul coup d’un seul, on nous dit non l’ARN messager ça ne toucherait rien. D’abord le stress, la peur. Une molécule que l’on ne connait pas, qui va venir dysfonctionner, on ne sait pas ce que cela peut créer sur tout un domaine où on fonctionne sur le sang, et ça peut provoquer des thromboses. Le monde de la femme enceinte, c’est maintenir la grossesse avec tout le fonctionnement de la circulation sanguine dynamique. Pour moi, c’était évident qu’avec les femmes en procréation il faut être très prudent. J’en ai encore rencontré une récemment qui a fini par me dire qu’elle avait fait une fausse couche. Elle voulait attaquer une nouvelle grossesse dans le mois qui suit, mais entre temps elle devait faire sa 3ème dose. Je lui ai dit « ou vous ne faites pas la dose ou vous attendez pour faire le bébé. Démarrer une grossesse sur un vaccin, je préfère que vous l’éliminiez ou que vous attendiez un peu ». Et puis quand on voit les effets secondaires, ça fait quand même réfléchir.

Personnellement, je n’ai pas peur de la maladie, je ne suis pas une antivax mais je ne me suis jamais fait vacciner pour la grippe, c’est-à-dire quand ce n’est pas obligatoire. J’ai rarement été malade, je pense avoir un bon système immunitaire, une bonne hygiène de vie. Je fais confiance à mon corps, à mes défenses immunitaires et c’est vrai que je fonctionne beaucoup avec l’homéopathie, la phytothérapie et d’autres médecines alternatives, quand bien même j’ai parfois besoin d’allopathie, ce qui est rare.

Dans mon parcours j’ai travaillé en hypnose, ce qui m’a fait comprendre que derrière tout cela il y a une grande manipulation et une certaine perversité du monde médical, avec des informations contradictoires et des incohérences. J’étais d’autant plus mal que l’on obligeait les patientes et tout le monde à se faire vacciner. Au début ce n’était que les femmes avec comorbidités, ensuite elles pouvaient toutes se faire vacciner au 3ème trimestre, puis au 2ème et enfin au 1er. Il y avait beaucoup d’incohérences, pas vraiment de recommandations, ça changeait tout le temps, mais j’avais quand même lu que Pfizer déconseillait la vaccination aux femmes enceintes, au moins durant les 2 premiers trimestres. Il m’était donc difficile de proposer un vaccin à ces femmes. Je ne vais pas à l’encontre de ce qu’elles décident, je les accompagne dans leur choix, mais je ne pouvais pas déroger à ma ligne de conduite et à mes valeurs et je continuais à m’opposer à la vaccination des femmes enceintes. Mais c’était compliqué dans mon métier de sage-femme, d’autant plus que nous étions très peu nombreuses. Nous n’avons pas eu du tout d’échanges entre sage-femmes à ce sujet. A l’hôpital et dans les maternités, je savais que les femmes enceintes étaient obligées de se faire vacciner, que les gynécologues et médecins les obligeaient. Elles étaient complètement déstabilisées, je les retrouvais en souffrance et je les revois encore ; et c’est encore pire maintenant ! Il y a vraiment du harcèlement vis-à-vis des femmes enceintes, parce qu’elles ont très peur, parce qu’on leur dit de ne pas prendre d’aspirine et d’anti-inflammatoires, mais on les pousse à la vaccination. Elles n’ont pas de recul par rapport à ce vaccin, elles doivent faire confiance et elles y vont en se sentant obligées.

Lors de l’annonce du 12 juillet, j’ai eu l’impression d’être sous un rouleau compresseur. L’idée d’avoir un métier qui me passionne et de me dire que je dois l’abandonner du jour au lendemain, avec aussi l’impression d’abandonner un peu mes patientes… C’est un choix, mais ça a été très compliqué, pendant les vacances et après. Et puis il y a eu les réunions, les manifestations, les réseaux, c’était plein de chaleur humaine, de rencontres positives, donc c’était hyper porteur, ça ressourçait, on sentait qu’il y avait quand même une dynamique, une force, mais aucun soutien médical des professionnels.

Le conseil de l’ordre a demandé aux sage-femmes de faire de la délation de sage-femmes non vaccinées. Il nous a envoyé des lettres en nous menaçant d’être radiées si nous n’entrions pas dans le schéma vaccinal. Normalement il y a une certaine solidarité, une humanité dans notre métier…

Début septembre, à mon retour de vacances j’étais très fatiguée, je voyais arriver le 15 septembre sans savoir ce qui allait se passer, les avocats ne savaient pas non plus, j’étais en pleine confusion et j’attendais la lettre de l’ARS. Je me faisais tester tous les trois jours et j’avais prévu de m’arrêter en octobre. Testée positive, j’ai obtenu un certificat de rétablissement qui me permet de travailler jusqu’au mois de mars 2022. Une personne que je suivais depuis longtemps, en médecine traditionnelle chinoise, en acupuncture, en hypnose, m’a contactée. C’est une journaliste, elle n’allait vraiment pas bien après sa deuxième dose de vaccin, elle avait mal partout, avec des symptômes très marqués. Je la vois, je l’écoute et comme je connaissais un peu l’effet de la protéine Spike, en entendant tous ses symptômes je vois qu’elle est complètement dedans, qu’elle a vraiment eu tous les symptômes liés à la protéine Spike, avec des effets sur différents organes qui réactivaient des problèmes rencontrés lors de ses grossesses.

Je lui ai fait savoir qu’à partir du 15 septembre j’entrais dans le cadre des soignants non vaccinés et que je ne savais pas ce que j’allais devenir. Elle est tombée des nues, elle ne s’était jamais posé la question en tant que journaliste et a fini par me dire que j’étais la première à lui parler de ça. J’ai répondu « Non, nous sommes très nombreux mais vous ne le savez pas, ou en tous cas vous n’avez pas envie de l’entendre, et vous n’avez pas envie de le chercher ». Cela l’a un peu interpellée et le 14 septembre, la veille de la cessation d’activité des soignants, elle a été la seule à me téléphoner pour me demander des nouvelles. Elle m’a proposé de m’interviewer, je voulais y réfléchir mais dès le lendemain le photographe m’a appelée et c’est comme ça que je suis passée sur FR3. L’interview s’est bien passée, mais ça m’a un peu effondrée énergétiquement, j’étais encore plus diminuée.

A partir de là beaucoup de choses ont été dites à mon égard, il y a eu énormément de diffamation, de médisances. Des femmes ont vu le reportage et en ont parlé à certaines de mes collègues sage-femmes, qui ont dit : « elle n’a qu’à aller au supermarché pour être caissière, de toutes façons on ne veut plus d’elle… ». Du coup j’ai refusé d’aller à un congrès spécial sur la gynécologique et l’obstétrique, où je vais depuis 25 ans, où je connais tout le monde, où je fais partie des anciens et où il y a toujours une ambiance très bon enfant. Je ne voulais pas voir ce monde médical-là, qui commence à ne plus fonctionner comme je l’entends, pour moi ça ne correspond plus à la médecine. Des choses se sont dites à mon sujet pendant ce congrès, je n’ai pas cherché à savoir précisément quoi, mais je sais que ce n’était pas très positif. Je ne crois pas qu’il y a eu de la délation, mais le conseil de l’ordre sait maintenant que je ne suis pas vaccinée. En tous cas pour l’instant j’ai un certificat de rétablissement.

Dans ma famille nous avons vraiment cette chance d’être très unis. Philippe, mon mari, ne s’est pas fait vacciner. J’ai deux filles et c’est cela aussi qui m’a un peu cassée. Ma grande est sage-femme hospitalière, elle a été suspendue, donc ça a été un peu dur parce qu’à 30 ans, arrêter un boulot qui lui plaît bien… Elle l’a porté aussi, mais elle a réussi à bien surmonter l’épreuve, elle a compris et elle est prête à passer à autre chose. Ma seconde fille est pour le moment dans un autre trip mais elle nous soutient bien. Ma sœur est enseignante, elle s’est fait vacciner pour mon beau-frère qui a des problèmes cardiaques. Ses enfants ne sont pas vaccinés, on est tous vraiment très tolérants, on se soutient mutuellement, on reste dans un échange très positif, mais ils n’ont pas trop envie d’aller chercher l’information. Ils ne se font pas vacciner parce qu’ils ne le sentent pas, c’est tout. Sinon j’ai beaucoup d’amis avec lesquels ça a été compliqué.

J’ai encore de l’espoir, ça peut toujours changer. Je suis un peu désabusée et à la fois j’ai envie de rester dans ce domaine de l’accompagnement et du soin parce que j’aime ça et que je n’ai pas envie de déroger à ce que j’ai été dans mon parcours. Donc, je vais voir un peu ce sur quoi je peux être utile et vers quoi j’ai envie d’aller et si je peux encore continuer d’accompagner et soutenir les femmes enceintes différemment, dans un secteur médical qui n’est pas le domaine médical actuel

Je vais me rapprocher des collectifs de soignants qui mettent en place le soin d’accompagnement ; cette notion de « CoviSoins », je trouve que c’est une belle idée. Et puis proposer ce que je sais faire, hypnose, acupuncture, haptonomie, peut-être un accompagnement comme ça, faire des groupes de parole. Rencontrer des patients pour voir si l’on peut échanger et amener autre chose tout en apportant des informations. Être toujours présente là où je peux être utile. J’aimerais en tous cas, continuer à être utile.

J’essaie de travailler sur moi pour être moins touchée par la situation, moins affectée. Là, ça va encore parce que je continue à travailler, mais plus l’échéance va approcher… Je trouve que c’est très courageux pour ceux qui se sont arrêté le 15 septembre.

Témoignage recueilli en décembre 2021