Stella
Employée d’une association (Territoire de Belfort)
« Je me suis sentie perdue, j'ai éprouvé de la stupeur, de la colère et de l'injustice envers mon employeur et la société. »
Stella a 67 ans, elle travaille dans le secteur médico-social. Elle est membre de l’association « On a eu not’ dose ». Elle est engagée dans un recours en justice.
J’étais en arrêt maladie du 14 septembre 2021 au 31 décembre 2021. Avant mon arrêt maladie, la direction des ressources humaines m’avait appelée sur mon téléphone professionnel en me demandant si je souhaitais me faire vacciner contre la Covid19. Ma réponse fût négative car je voulais réfléchir et j’estimais que le secret médical n’était pas respecté.
Le 3 septembre 2021 et le 16 septembre 2021, j’ai reçu respectivement deux courriers en recommandé avec accusé de réception concernant ma suspension de travail liée au non-respect de l’obligation vaccinale.
A ce moment-là je me suis sentie perdue, j’ai éprouvé de la stupeur, de la colère et de l’injustice envers mon employeur et la société. J’ai eu l’impression d’abandonner les personnes âgées dont je m’occupais avec dévouement et professionnalisme. J’ai travaillé pendant la Covid19 avec toutes les mesures d’hygiène recommandées par le ministère de la santé via l’ARS. Mes patients n’ont jamais été contaminés et moi non plus.
De ce fait, mes ressources ont diminué : plus aucun salaire, ni droits au chômage, ni RSA. Je percevais une pension d’invalidité de la sécurité sociale, tout en travaillant, et pour prétendre à celle-ci je devais leur transmette mes fiches de salaire, dont le montant était nul. Ceux-ci n’ont pas réagi de suite et lorsqu’ils s’en sont aperçu, ils ont admis leur erreur de versement en ma faveur.
Mon dossier est passé rapidement en commission, ma dette de 9 400 euros a été réduite de 50%, soit la somme de 4 400 euros remboursable en 36 mois (121 euros/mois).
Mais comment aurais-je pu payer mes dépenses courantes (loyer + charges courantes-EDF-Gaz-Mutuelle-Téléphone…) ? Je me suis chauffée avec un chauffage d’appoint au gaz et j’ai dû réduire significativement mes dépenses journalières. De plus, j’avais quatre animaux à nourrir, dont un chien et trois chats.
Certaines personnes, qui étaient pour la cause des soignants suspendus (donateurs anonymes, amis, famille (frère et bons samaritains), faisaient des quêtes et des appels aux dons alimentaires, ce qui fût salutaire pour moi et mes collègues.
Une partie de la population nous soutenait. Je faisais des marches aux flambeaux avec mes collègues à Belfort. J’ai tenu un stand en hiver avec celles-ci pour demander des dons de nourriture et de première nécessité. Un journaliste de l’Est républicain s’était déplacé pour nous interviewer.
Je déprimais et je fus soutenue moralement par une partie de ma famille et amies. Mes animaux m’ont beaucoup aidée psychologiquement.
Témoignage recueilli en août 2025
