Ils ont été effacés, mettons-les en lumière

Marielle

Infirmière (Ille-et-Vilaine)

« Je ressens une grande injustice et une grande incompréhension. »

Marielle a 55 ans. Infirmière depuis 33 ans, elle a exercé ces 28 dernières années en hôpital public. Elle est suspendue depuis le 15 septembre 2021.

J’ai travaillé dans différents services : rééducation des adultes, chirurgie, médecine, je changeais de service à peu près tous les 6 ans et dernièrement, j’étais aux consultations. Au premier confinement tout a été chamboulé, les consultations se faisaient par téléphone ou en distanciel. Certains soins ont été reportés à plus tard. On n’assurait en présentiel que ce qui était urgent.

Après, tout s’est remis en place comme avant, mais avec distanciation, masques, gel hydroalcoolique, etc.

J’ai décidé de ne pas recevoir l’injection expérimentale. Dès le mois de janvier 2021, j’ai trouvé que ça allait trop vite. Habituellement les études d’un nouveau traitement durent plusieurs années. Donc je me suis dit : « Je me mets dans le groupe placebo d’emblée. » Et je suis restée sur ma position, j’ai observé ce qu’il se passait. J’ai été très surprise par toutes les incohérences au fil des semaines, des mois. J’ai tenu jusqu’au 15 septembre. Je n’ai pas eu de pressions trop fortes. Ma supérieure hiérarchique a appliqué les ordres qu’on lui donnait et mes collègues ont respecté mon choix.

Elle a demandé à ce que je rencontre un médecin chef de service. C’était début septembre, je lui ai exposé mes raisons : « Je ne veux pas d’injection expérimentale, je ne me considère pas à risque, je prends de la vitamine D, C et un peu de zinc, nous savons que les vaccinés transmettent également le virus. Le vaccin me paraît plus dangereux, à long terme on ne sait pas ce que ça va donner. » Voilà, c’était un entretien courtois, chacun est resté sur ses positions et donc le 14 septembre ma supéreiure m’a dit que je ne devais pas venir le lendemain. J’ai reçu la décision de suspension en recommandé à domicile le 15 septembre.

Et là avec mon mari, on s’est dit que financièrement nous pouvions tenir car nous avons un peu d’argent de côté. Lui de son côté, suite à des soucis de santé, a un salaire dérisoire. Mais bon, on fait avec.

Pendant les jours suivants j’ai eu du mal à réaliser ce qu’il m’arrivait, j’étais dans un état de sidération. Je ressens une grande injustice et une grande incompréhension parce que l’hôpital manque déjà de soignants et met à la porte des personnes expérimentées. Dans le même temps il embauche des vigiles pour contrôler à l’entrée.

Nous avons deux filles, la première a 26 ans et travaille, la seconde a 23 ans, elle est étudiante à Paris et nous devons payer son loyer. Pour ce qui est de mon avenir, il me semble très flou. On ne sait pas quelle sera la décision de la fonction publique envers les soignants suspendus. Je pense que ça va être long et j’étais à 1 an ½ de la retraite, donc tout est remis en cause.

Nous avons cherché des groupes dans la même situation que nous. J’ai pris contact avec des collègues de mon hôpital suspendus comme moi. Nous nous voyons, nous nous soutenons. J’ai intégré aussi un réseau social de soignants, on se donne des infos, on se soutient aussi. Et puis il y a un groupe local de citoyens contre le pass sanitaire avec lequel je fais de la marche. C’est rassurant de ne pas se sentir seuls.