Ils ont été effacés, mettons-les en lumière

Brigitte

Agent de bibliothèque (Haute-Savoie)

« Je suis profondément attristée par cette façon de monter une partie de la population contre l’autre. »

Brigitte a 60 ans, elle a deux filles de 29 et 27 ans. Elle travaille dans une bibliothèque depuis 2004. Auparavant, elle était auxiliaire de puériculture en crèche ou en garderie. Elle est suspendue depuis le 25 janvier 2022.

Je suis profondément attristée par tout ce qu’il se passe en ce moment. Cette façon de monter une partie de la population contre l’autre suite à une obligation vaccinale. On ne dit pas dans les médias que le personnel doit être vacciné maintenant dans les lieux de culture, ceux qui reçoivent du public, les musées, les cinémas.

J’ai été suspendue pour non-présentation de pass vaccinal valide. J’avais fait le vaccin Johnson, qui comptait pour deux doses et j’avais entendu à la radio qu’il fallait faire une troisième dose pour qu’il reste valide, une dose de Pfizer ou Moderna, absolument de l’ARN messager. J’ai expliqué à mon supérieur hiérarchique que je voulais bien faire une autre dose, mais que je voulais un vaccin traditionnel à virus atténué et j’attendais le Novavax. Ce n’est pas que j’ai envie de me faire vacciner, mais c’est le seul moyen pour continuer à travailler. Je me suis rendue à la pharmacie vers le 20 janvier pour demander des nouvelles de ce vaccin et mon pharmacien m’a dit qu’il n’avait pas plus d’information que le grand public. Je suis passée régulièrement et le 28 janvier j’ai entendu sur France Inter que les doses de Novavax seraient réservées aux Dom Tom, qui étaient très réticents à la vaccination à ARN messager. Donc, j’attends. Je ne sais pas s’il y aura quand même quelques doses pour la métropole.

Ce problème de santé publique, de gestion de crise, m’a fait beaucoup me questionner. Dans mon métier, c’est normal de prendre des informations un peu partout, d’essayer de les recouper, de démêler le vrai du faux, c’est l’esprit critique cher à ma profession.

Le point crucial dans ma réflexion a été la diffusion du Doctothon. J’ai entendu des choses que je n’imaginais pas, que des médecins soient empêchés de prescrire, c’était impensable. Et ce n’était pas un seul qui le disait, mais de très nombreux médecins. On a même vu la note de Mr Véran à ce sujet, disant qu’il ne fallait pas prescrire l’Ivermectine. Et j’ai eu d’autres informations sur le site de RéinfoCovid, sur lequel je me suis renseignée très rapidement après le premier confinement.

Je ne suis pas anti-vaccin, j’ai fait le DTAB, j’ai tous mes vaccins à jour. Quand on travaille dans le milieu médical, on fait ses vaccins sans rechigner, mais je n’ai vu personne autour de moi avoir une myocardite avec le vaccin du BCG. Un vrai vaccin ne me fait pas peur.

J’ai eu des doutes pendant des mois, « Est-ce que je me fais vacciner, est-ce que les effets secondaires existent vraiment ? » Mon point d’acceptation, ça a été de prendre le Johnson, parce que c’est une seule injection, et il n’est pas à ARN messager. Mais déjà là, j’ai été pénalisée à mon travail parce que les autres injections à ARN messager étaient valables une semaine après l’injection, moi c’était un mois après. J’ai donc été obligée par ma direction de prendre des congés annuels en attendant la validité officielle de l’injection car « je mettais mes collègues en danger ».

J’ai des problèmes de santé, et l’ARN messager, par rapport à tout ce que j’ai pu en lire, aurait pu redéclencher les problèmes contre lesquels je lutte depuis l’âge de 39 ans. A cette époque, j’ai beaucoup cherché avant de trouver quelque chose qui me fasse du bien, de récupérer toute mon énergie et mes capacités et je ne veux pas détruire ça, suite à une injection.

Et aussi, étant auxiliaire de puériculture, il y a eu un moment où le vaccin contre l’hépatite B est devenu obligatoire dans mon travail. J’étais enceinte. J’ai dit à mon employeur que je le ferai après. Quand je suis revenue, 6 ans plus tard, ce n’était plus obligatoire. Les gens qui se sont fait vacciner contre l’hépatite B ont développé des complications. On leur a dit ensuite qu’on ne savait pas… Oui, bien sûr, ils n’avaient pas tous les éléments, sinon ils ne nous auraient pas obligés à nous vacciner contre l’hépatite B ! Là, j’ai eu l’impression d’être vraiment passée à côté de quelque chose qui aurait pu me faire très mal. Les autorités s’en tirent toujours en disant, on ne savait pas, on est responsable mais pas coupable… Bon voilà, j’ai perdu confiance. Il y a eu le sang contaminé, les hormones de croissance, le Mediator. A la lumière de ces affaires, il me parait normal d’être un peu regardant sur ce qu’on nous donne comme information.

Pour revenir à cette journée du 25 janvier où j’ai été suspendue, j’avais apporté un gâteau sur mon lieu de travail. J’avais marqué un petit mot « De la part de Brigitte pour vous dire au revoir ». Je me suis dit, ce n’est pas triste. J’ai été triste, malade, angoissée avant, mais sur le moment, j’étais heureuse de me respecter en fait. Déjà, je me dis que je ne suis pas à la rue. Je plains tous ceux qui sont seuls, sans salaire. Je pense souvent à tous ces gens.

Moi, j’assume mes actes, je suis suspendue mais je pense que tous les décideurs vont devoir assumer leurs actes, voilà, c’est ce que je souhaite.