Ils ont été effacés, mettons-les en lumière

Anne

Médecin (Loire)

« Il n’y a pas de logique sanitaire et l’absence de réflexion des gens me fait peur, parce que ça peut aller très loin. »

Anne a 65 ans, elle est mariée, elle a cinq petits-enfants. Elle a été suspendue après 40 ans d’exercice.

J’ai été virée en 10 minutes après 40 ans de métier. Je l’ai appris par ma boite mail, alors que mes collègues le savaient déjà. Alors bien sûr je m’en doutais, mais la DRH a fait ça avec agressivité alors qu’elle aurait pu le faire avec humanité et c’est quelque chose que je n’ai toujours pas digéré.

Les trois mois suivants ont été très difficiles, parce que c’est violent de se faire virer comme ça, d’un métier que j’avais choisi quand j’avais 7 ans. Je faisais bonne figure, mais je me levais le matin avec angoisse, j’étais très désemparée.

Et puis petit à petit, j’ai rejoint un groupe Reinfo Covid. Nous étions tous dans la même situation, on s’est vraiment serré les coudes et on s’est mis à vivre autrement. Sans ce groupe je crois que j’aurais sombré. J’ai rencontré des gens extraordinaires, nous avons créé différents réseaux, différents systèmes et maintenant je touche à ce que peut être un autre monde, où on est dans la solidarité, la bienveillance et surtout le nivellement des statuts sociaux. Quelles que soient nos professions on est tous sur la même ligne et on avance ensemble, coude à coude ; ça c’était un monde dont je rêvais, et on le vit. Qu’est-ce que ça deviendra ? Je n’en sais rien, mais on le vit et on le travaille.

Quand la pandémie a été déclarée, j’ai cru que c’était une pandémie. On apprend ça en médecine et je me suis dit il va y avoir des morts partout. Et puis, grâce aux médias qui sont très désinformants, et à une dame qui s’appelle Carine Lacombe, que j’écoutais tous les jours, moi qui ne regardais plus la télé depuis 30 ans pour les mêmes raisons de désinformation, là j’écoutais quand même pour savoir ce qu’il se passait et ce sont les propos de cette femme qui ont attiré mon attention. Je me suis dit « Oh là, mais elle ment celle-là ! ».

Donc la pandémie, au bout de 15 jours / 3 semaines j’ai regardé les chiffres sur santepubliquefrance.fr et je me suis rendue compte que ce n’était pas juste, qu’ils nous racontaient des bêtises et j’ai commencé à me méfier. Et alors après, avec la vaccination là évidemment j’ai compris et j’ai étudié la composition du vaccin, et c’était hors de question qu’on m’injecte ce truc-là. Voilà pourquoi je ne suis pas vaccinée, parce que je ne veux pas de ce produit-là.

J’ai donc été suspendue par mon employeur en application de la loi du 5 août. J’ai avisé le conseil de l’ordre que j’étais médecin non exerçant, pour ne pas être radiée, mais ils ne m’ont jamais contactée.

Les collègues, non seulement je n’ai eu aucun soutien mais j’ai eu l’impression qu’ils étaient contents de me voir partir parce que j’avais refusé ça, sauf qu’après ils ont récupéré mon boulot et là ils étaient bien moins contents.

Je ne comprends pas la population qui rejette les soignants après les avoir applaudis, et qui reste indifférente à ce qu’ils soient sans travail. Il y a aussi le côté absurde : « je suis vacciné, je suis malade mais je peux quand même aller travailler ». Il n’y a pas de logique sanitaire et l’absence de réflexion des gens me fait un peu peur ; ça me fait peur parce que ça peut aller très loin.

Ce qui me gêne avec mes collègues médecins, c’est qu’ils n’ont plus de réflexion. D’ailleurs les médecins non vaccinés c’est essentiellement les vieux médecins.

Il y a une chose qui me frappe c’est que moi, étant médecin d’une autre génération, j’ai reçu une éducation au doute, c’est-à-dire que mes maitres m’ont appris à douter de mon diagnostic, à douter du traitement. Et vraiment, j’ai travaillé pendant 3O ans avec le doute, c’est à dire « Est-ce que je n’ai pas oublié un truc ? ». Ce qui fait qu’on peut se poser des questions, alors que les jeunes ne s’en posent plus, ils suivent des protocoles, il n’y a plus de réflexion. Quand j’étais interne, le patron me disait « Très bien, quelle est la physiopathologie du truc là ? et le médicament que vous avait prescrit, est-ce que vous êtes sûr qu’il n’est pas nocif ? » et il fallait savoir répondre.

Maintenant on ne se pose plus de question, ils ont des protocoles et des ordres décisionnels, il y a tel truc je fais tel traitement, il n’y a plus de doute, il n’y a plus de réflexion, on applique. Et moi je trouve ça dangereux.

Témoignage recueilli en mars 2022