Ils ont été effacés, mettons-les en lumière

Véronique

Psychomotricienne (Ardèche)

« Il n’y a pas vraiment de fin à cette suspension. Une suspension de suspension, et non une abrogation de la loi, nous laisse fragiles. »

Véronique est mariée, elle a 1 enfant, elle exerce dans une structure de soins du secteur médico-social depuis 26 ans. Elle est suspendue depuis le 17 septembre 2021.

2020, Covid.

Comme beaucoup, j’ai peur ; ce comptage des morts pendant des mois m’éprouve.

Au premier confinement je travaille : soutenir les enfants et les jeunes en situation de handicap, ainsi que leurs familles ; tout d’abord en télétravail (pas facile en psychomotricité ! mais on devient créatif, on y passe des heures, sans compter les réunions d’équipe par téléphone), puis en présentiel. Les vacances d’été, tout comme les précédentes, sont modifiées, fractionnées, il faut soutenir encore, et là aussi j’assume, râlant un peu car on est épuisé, mais je réponds aux besoins des plus fragiles.

2021, je continue de travailler, les jeunes ont besoin, les gens vont mal, la peur est toujours présente. On court tous sans arrêt, entre désinfection, séance de psychomotricité-désinfection de tout le matériel, et les tâches administratives qui augmentent sans cesse, prenant toujours plus de temps pour cocher des cases, enregistrer les séances, etc. Le soin a de moins en moins de place dans nos structures, les incohérences sont de plus en plus courantes, alors que les besoins explosent.

Eté 2021, c’est le cauchemar, instauration de ce passe discriminant qui me questionne de plus en plus, même pour se faire soigner à l’hôpital ! Cela me révolte. Où est le serment d’Hippocrate ? Le soin ne se doit-il pas inconditionnel ? Sans discrimination ? On soigne bien, et heureusement, les fumeurs atteints de maladies liées à leur addiction, les gens blessés pour accidents suite à un excès de vitesse, les anciens, les jeunes, sans distinction… Et heureusement !

Mais là, on franchit en France un cap effrayant, honteux, consternant, qui m’oppresse. Ce vaccin est expérimental, il y a des lois pour le respect de la personne, du corps humain, sur le consentement libre et éclairé, et tant d’autres… Et le rapport bénéfice-risque ? On ne peut pas imposer à une personne d’être un cobaye !

Et pourquoi on ne parle pas, ou si peu, des éventuels traitements, pourquoi on ne les étudie pas ? Pourquoi il n’y a aucun budget alloué à la recherche de traitements alors que des sommes colossales partent pour les vaccins ? Qu’est-ce que tout cela va faire ? Et maintenant ce chantage à l’emploi exercé sur les soignants au 15 Septembre 2021, au risque de tout perdre ?

Je ne peux pas, je ne pourrai pas me faire injecter cette dose expérimentale au risque de ma santé, c’est mon bien le plus précieux.

On est le dernier rempart pour que cela ne s’étende pas à la population toute entière, aux enfants, aux ados, qui ne courent aucun risque face au Covid. Il faut à tout prix faire ce qui est en ma mesure pour éviter ce gâchis dangereux.

Je ne peux pas non plus cautionner un tel chantage. Je veux bien continuer à me faire tester 2 fois par semaine, comme je l’ai fait cet été jusqu’à ce jour. Je suis d’ailleurs plus sûre de ne pas être porteuse du virus auprès des jeunes, qu’avec un « vaccin » qui n’empêche pas la transmission. Tout cela est absurde ! Dans ma structure, la plupart des professionnels ne veulent pas non plus de cette injection. Mais ce chantage abject, cette manipulation est forte. On est 3 à être suspendus ! La majorité s’est faite vacciner la veille de la date butoir de l’obligation, à reculons, ou la boule au ventre ; j’ai mal pour eux.

Le jour de la suspension est horrible, je repars laissant mes affaires au Service. Je ne peux pas dire au revoir aux enfants, entre la coupure des vacances et la décision de l’établissement, et je ne voudrais pas qu’ils soient pris en otage dans ces conflits qui opposent, qui scindent tout le monde, de partout ; je leur écrirai. Mais quelle violence on leur fait vivre, à eux ! J’ai mis beaucoup de temps parfois à tisser du lien, à établir une relation de confiance, à comprendre leurs fonctionnements, et là, je vais disparaitre, du jour au lendemain… Ça me fait mal au cœur, ça m’écrase.

Ignoble jour que ce jour ! Et les suivants…

Et à ce jour encore, par ce comportement figé, borné de l’Etat, qui veut convaincre qu’obéir même à contre cœur, se soumettre, est mieux que de tout perdre. On laisse à la rue des enfants et des jeunes en situation de handicap, sans suivi, et on prive des soignants, déjà trop peu nombreux, d’exercer ! Honte à de telles décisions ! Ça me fait mal de voir cela, en France, en 2022, avec le peu de recul que l’on a sur ces injections à ce jour, sur leur efficacité, très, très partielle, leurs effets secondaires parfois, et les variants de moins en moins virulents.

Oui, 1 an après, à l’aube du 15 Septembre 2022, beaucoup de choses me blessent encore malgré moi, ça me revient d’un coup, comme une vague.

Je pense que la justice existe, que le bon sens va finir par revenir (aujourd’hui, j’en doute, mais je continue de l’espérer). Je ne sais pas de quoi sera fait demain, ce que je peux devenir, mais dans cette traversée si éprouvante, dans cette épreuve vraiment rude, ce « décapage à l’os », cette violence injuste, j’ai rencontré des personnes exceptionnelles, d’une générosité venant du cœur, des personnes pour qui humanité, solidarité, soutien ont du sens. J’ai rencontré des soignants, suspendus tout comme moi, tellement beaux, vrais et courageux. J’en suis touchée. J’ai gagné dans mon cheminement, la clarté de qui je suis et ce qui fait sens pour moi, aller à l’essentiel, encore plus, épurer tout le reste…

Je travaille à une reconversion, c’est bien compliqué, pas si facile. Douloureux d’être privée de soigner quand c’est votre vocation. Je n’ai pourtant commis aucune faute, juste je ne me suis pas soumise à une expérimentation forcée, à un chantage abject.

Cette Liberté, ce respect de moi-même, de la vie, de l’humain en général, des générations futures, me plonge dans une réalité dure, rude, éprouvante à assumer, mais je me sens en vérité et en cohérence avec moi-même.

Et c’est bien l’essentiel pour continuer à avancer, au mieux, et pour le meilleur…

Témoignage recueilli le 15 septembre 2022

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LA REINTEGRATION ?

Ma demande de rupture conventionnelle ayant été une fois de plus refusée froidement, j’ai fini par démissionner.

J’avance au jour le jour, dans le présent. Il est difficile de vraiment refermer, digérer cette épreuve, étant donné qu’il n’y a pas vraiment de fin à cette suspension ! Une « suspension de suspension », et non une abrogation de cette loi, nous laisse fragiles dans notre parcours professionnel. Nous sommes dans une totale incertitude quant à notre « métier-vocation » de base, notre diplôme nous a été redonné, d’une certaine façon, mais ce n’est peut-être que provisoire…

J’aimerais poursuivre dans le domaine du soin tout en élargissant mon champ de compétence, mais nous restons sur un siège éjectable. Cela est inconfortable et difficile pour s’installer, par exemple, en libéral. Pendre un bail pour un cabinet de psychomotricienne avec le risque de se retrouver à nouveau coincé, avec des frais engagés ? De plus, n’ont été reconnus ni l’injustice, ni le lourd préjudice moral, financier, professionnel causé par cette loi abjecte du 5 août 2021. Il est difficile de faire le deuil…

Enfin, dans ma situation, mère d’une jeune en situation de handicap, j’ai peu de temps disponible (je travaillais à temps partiel avant ma suspension) et cela n’est pas facile pour créer, pour construire autre chose… Mais cela viendra certainement.

Complément de témoignage recueilli le 24 juillet 2023

Aujourd’hui Véronique se « débrouille » financièrement grâce à son conjoint. Elle aimerait mettre son énergie et son temps au service de sa fille, adolescente en situation de handicap et sans structure adaptée. Créer avec d’autres parents un lieu d’accueil, de formation…