Clémence
Orthophoniste (Pyrénées Atlantiques)
« Nous avons perdu notre vocation, nos revenus, notre sécurité et cela se passe dans l’indifférence la plus totale. »
Clémence a 24 ans. Diplômée début juillet 2021, elle s’est installée le 19 juillet et a été interdite d’exercer 2 mois plus tard, le 15 septembre 2021.
À 24 ans, je n’ai jamais eu très peur de ce virus. Quand il est apparu, j’étais en plein militantisme écolo. L’avenir du Vivant et de la société, que je redoutais à ce moment-là, me faisait bien plus peur que le covid ! J’ai donc très peu regardé les chaînes d’information pendant le début de la pandémie. Pour autant, lorsque ça m’arrivait de temps en temps, je me suis rapidement questionnée sur le fait que les médias discréditaient régulièrement certains scientifiques de renom. Ceux-ci devaient prouver qu’ils étaient compétents et leurs arguments n’étaient jamais vraiment débattus. L’attitude des journalistes (entre autres) me choquait et la façon dont ils catégorisaient et étiquetaient des personnes compétentes dans leur domaine empêchaient les échanges constructifs, que je souhaitais écouter pour affiner ma réflexion. Ainsi, j’étais assez perplexe face à tout ce que j’entendais.
Contrairement à l’ensemble de ma famille, je ne souhaite pas me faire vacciner contre le covid (ce qui est difficilement supportable pour mes proches). Mon choix est dû à plusieurs raisons.
Premièrement, la famille de mon ex-conjoint a été victime du scandale de la Dépakine. Sa mère, qui est épileptique, a pris ce médicament lors de la grossesse et de l’allaitement de son fils aîné. Celui-ci est né le ventre ouvert et subit encore aujourd’hui les conséquences de ce produit. C’était en 1992, il n’y a toujours pas eu réparation, ni indemnisation. La façon dont a été traité ce scandale a donc teinté mon regard de prudence vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique.
Une autre raison pour laquelle je ne suis pas vaccinée est que je m’interroge sur les conséquences du vaccin, sur la fertilité, sur les femmes enceintes et les fausses couches. J’ai 24 ans et une de mes plus grandes peurs est d’être dans l’incapacité de donner la vie. Je me suis donc particulièrement penchée sur ce sujet. On peut retrouver, sur le site de l’Agence européenne du médicament (EMA), les études qui ont permis l’autorisation de mise sur le marché conditionnelle des vaccins Pfizer/BioNtech et Moderna. On peut y lire, dans la partie sur la bio-distribution des vaccins chez les rats (leur diffusion dans le sang et les tissus), que de l’ARNm a été retrouvé dans de nombreux organes. Par exemple, dans le cas de Pfizer/BioNTech : rate, cœur, reins, poumons, cerveau, ainsi que dans les ovaires et les testicules (en faible quantité). Même si Pfizer assure que l’ARNm n’est pas toxique, le fait qu’il puisse se diffuser à ce point chez les rats, alors qu’au même moment l’Inserm assure que l’ARNm ne peut en aucun cas rejoindre les cellules des organes reproducteurs, n’a fait qu’étayer mon choix de refuser cette vaccination.
Lors du discours de Macron le 12 juillet, au début ce n’était pas clair, je pensais que je n’étais pas concernée par la loi du 5 août 2021, à part pour mes interventions à domicile. Bien sûr, je me doutais que j’allais vite être embêtée, mais je ne pensais pas que cela allait arriver aussi rapidement. J’ai réalisé deux semaines plus tard que tous mes soins étaient impactés. J’avais à peine débuté mon exercice libéral et j’étais très occupée par la gestion administrative de l’installation. Tout s’est resserré autour de moi et j’ai eu très peur. Peur de perdre le métier pour lequel j’avais rigoureusement étudié pendant 5 ans ; peur de perdre ma famille qui ne pouvait supporter l’idée que je renonce à la sécurité et la stabilité de ce métier ; peur de perdre mes amis qui étaient dans l’incompréhension ; peur de décevoir ma collègue qui m’avait fait confiance sur la reprise du cabinet. Ce « non-choix », je l’ai reposé plusieurs fois dans ma tête mais la réponse était toujours la même. Je sentais que me forcer à me faire vacciner à contrecœur, avec tous les doutes que j’avais, risquait d’être plus difficilement surmontable psychologiquement que de perdre mon métier. Quitter mon cabinet où j’étais titulaire était la seule solution possible car je payais 700 euros de charges par mois. La loi d’interdiction touche le statut même du métier d’orthophoniste : je n’ai pas le droit d’être remplacée par une personne vaccinée, je n’ai pas le droit de faire du télé-soin (or, depuis le confinement les orthophonistes avaient la possibilité d’en faire…). J’ai contacté l’ARS et la CPAM pour leur faire part de mes craintes au sujet de la continuité des soins de mes patients. Ils n’avaient pas de solutions à me proposer. L’ARS Nouvelle Aquitaine était plus occupée à mandater des agents pour faire des contrôles dans les cabinets libéraux. Les soignants non vaccinés qui continuaient de soigner risquaient une interdiction immédiate d’exercer, un déremboursement des soins et de possibles sanctions disciplinaires et pénales ! J’ai donc fait un tout petit peu de bénévolat afin de maintenir les soins pour mes patients à domicile, en attendant de trouver une nouvelle orthophoniste pour reprendre mon cabinet et ma patientèle.
J’ai ainsi appréhendé le fait que je n’allais travailler que quelques semaines et je me suis dit que c’était l’occasion de donner le maximum professionnellement et d’être transparente sur ma situation auprès de ma collègue et de tous mes patients. Expliquer mon interdiction d’exercer à partir du 15 septembre a été très pénible, parce que j’étais encore en train de construire ma légitimité professionnelle et les raisons de ma non-vaccination venaient toucher à mon intimité. Pour autant, cela me paraissait tellement important de ne pas cacher ma situation qui est, à mes yeux, extrêmement injuste, violente et aberrante. J’ai pu exprimer le fait d’avoir besoin de temps, de recul et de plus de données pour savoir si je me faisais vacciner ou non ; étant donné qu’on me refusait ce temps de réflexion, j’allais le prendre en arrêtant mon exercice.
Toute cette situation est pour moi extrêmement traumatisante et frustrante. On manque déjà énormément d’orthophonistes. Dans la région et au niveau national, nous sommes apparemment nombreux et nombreuses à avoir cessé notre activité.
J’ai envie que nous nous fassions entendre. Le silence médiatique autour de la situation des soignants suspendus ou interdits d’exercer est extrêmement douloureux. Nous avons perdu notre vocation, nos revenus, notre sécurité et tout cela se passe dans l’indifférence la plus totale.
Ci-dessous quelques-unes de mes sources pour vérifier certains points avancés dans mon témoignage :
- Contrôles des cabinets libéraux de l’ARS Nouvelle Aquitaine et sanctions encourues : https://www.nouvelle-aquitaine.ars.sante.fr/media/84085/download
- Article de presse de l’INSERM (publié le 14/12/2020, réactualisé le 6/12/2021) : « Par ailleurs, l’injection est locale et les cellules qui reçoivent l’ARN codant la protéine Spike sont principalement des cellules immunitaires : en aucun cas l’ARN ne va jusqu’aux cellules des organes reproducteurs (les gonades). Il ne peut donc pas être transmis d’une génération à l’autre. » https://presse.inserm.fr/canal-detox/les-vaccins-a-arnm-susceptibles-de-modifier-notre-genome-vraiment/
- Étude AMM conditionnelle Pfizer (partie sur la biodistribution p 54) : « Several literature reports indicate that LNP-formulated RNAs can distribute rather nonspecifically to several organs such as spleen, heart, kidney, lung and brain. In line with this, results from the newly transmitted study 185350, indicate a broader biodistribution pattern with low and measurable radioactivity in the ovaries and testes. » https://www.ema.europa.eu/en/documents/assessment-report/comirnaty-epar-public-assessment-report_en.pdf
- Étude AMM conditionnelle Moderna (publié le 20/01/2021, réactualisée le 11/03/2021, parties sur la biodistribution p 47 et 52) : « As expected, mRNA-1647 were distributed throughout the body (including brain, heart, lung, eye, testis) » https://www.ema.europa.eu/en/documents/assessment-report/spikevax-previously-covid-19-vaccine-moderna-epar-public-assessment-report_en.pdf
Témoignage recueilli en novembre 2021
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Après la suspension
Suite à cette interdiction d’exercer, beaucoup de choses se sont passées. Pendant les quelques mois qui ont suivis, je me suis mise en lien avec d’autres soignants de la région, qui vivaient la même situation que moi et cela m’a sauvée. Avec différents soignants, nous avons mis en place plusieurs actions qui, je pense, nous ont permis de nous replacer en tant qu’acteurs et d’atténuer la souffrance psychologique que nous subissions en tant que spectateurs impuissants, tellement invisibilisés ou caricaturés dans les médias. Nous nous regroupions en blouse blanche tous les jeudis sur un rond-point à Itxassou, où nous jouions des mises en scène, nous brandissions des pancartes… Les personnes, qui klaxonnaient en acquiesçant ou encore celles qui prenaient le temps de descendre de leur voiture pour discuter avec nous, remplissaient nos cœurs et nous aidaient à tenir le coup.
Avec quelques soignants, nous avons rencontré une députée et un sénateur afin de leur témoigner de la réalité de notre situation. Nous leur avons également exprimé notre forte inquiétude au sujet des mesures sanitaires (plus particulièrement celles concernant les enfants de plus de 12 ans avec le « pas de vaccin, pas de sport »). Nous leur avons présenté des données scientifiques, qui révélaient les prémices d’un possible scandale sanitaire et mettaient déjà en évidence qu’une personne vaccinée n’empêchait pas la contamination. Nous savions que la meilleure chose que nous puissions obtenir était une certaine écoute, mais il nous importait surtout de replacer les politiques face à leurs responsabilités. Plus tard, si tout cela tournait mal, ils ne pourraient pas dire qu’ils ne savaient pas, car les données scientifiques inquiétantes étaient déjà connues et elles leur ont été présentées directement par des soignants, ou leur ont été transmises par lettres recommandées.
En parallèle de ces actions, nous avons été plusieurs professionnels de santé à nous regrouper pour interpréter et synthétiser les résultats de l’enquête « Eguzkilore » initiée par des parents donnant la parole à 592 enfants et adolescents du Pays Basque afin de répondre à la question suivante : « Quels ont été les impacts physiques, psychiques et émotionnels du confinement, des différentes mesures sanitaires mises en place, et notamment du port du masque sur la santé des enfants et adolescents ? ». Les résultats étaient accablants :
- forte augmentation de l’exposition aux écrans des élèves du primaire, du collège et du lycée pendant le confinement, maintenue post confinement pour une grande partie d’entre eux.
- augmentation des troubles du sommeil.
- maux physiques liés au port du masque ressentis par un enfant sur deux (fatigue, gêne respiratoire, maux de tête, transpiration, soif, forçage vocal)
- port de lunettes abandonné par 40% des élèves qui en ont besoin.
- gêne engendrée pendant les apprentissages (32% en primaire, 22% en collège, 23% en lycée).
- difficultés de communication (en primaire, 35% des enfants ne savaient pas s’ils étaient compris par les autres lorsqu’ils portaient un masque; au lycée 22% ne comprenaient pas l’autre avec le masque).
- et enfin toutes les conséquences sociales et émotionnelles qui questionnaient sur le devenir psychologique de ces enfants (27% des maternelles et 17% des primaires avaient peur devant les personnes masquées ; 59% des primaires se sentaient mal lorsque quelqu’un portait mal le masque).
Enfin, avec 140 autres professionnels suspendus ou interdits d’exercer du Pays Basque, nous avons mené une action en justice auprès du tribunal administratif de Pau mi-septembre 2021. Notre référé d’urgence a été rejeté le 24/09/2021.
Après ces quelques mois où j’ai passé mon temps dans l’action, je suis retournée vivre chez mes parents. J’avais besoin de temps pour me remettre de tout ce qu’il s’était passé et, étant trop jeune pour bénéficier du RSA, cela m’a permis de me recentrer sans avoir à me lancer dans un travail alimentaire. Ayant eu le covid quelques mois plus tard, j’ai exercé l’orthophonie en salariat pendant 2 mois jusqu’à l’expiration de mon pass.
En septembre 2022, toujours interdite d’exercer, j’ai pris un appartement et j’ai commencé à travailler en tant qu’AESH dans un lycée. Ce beau métier si peu considéré et dévalorisé m’a fait regoûter au plaisir d’accompagner, ce pourquoi j’étais formée.
En mai 2023, annonce de la suspension de l’obligation vaccinale. A défaut de susciter de la joie, cette annonce a fait remonter une immense colère et une profonde tristesse. Comment retrouver la joie d’exercer de nouveau dans ce monde du soin qui m’a rejetée pendant plus de 600 jours ? Loi suspendue mais non abrogée… Comment retrouver la confiance de se relancer si tout peut basculer à nouveau ?
Il a fallu laisser passer ce nouveau tourment émotionnel pour retrouver l’énergie de revenir à l’orthophonie…
Complément de témoignage recueilli en novembre 2024